Confusion autour d'une formation en leadership interdite à N'Djamena

L'opposant tchadien Dr Succès Masra, président du parti les Transformateurs, le 9 février 2022. (VOA/André Kodmadjingar)

Au Tchad la formation en leadership et entrepreneuriat initiée par la génération ABCD, une ONG de droit légalement reconnue, prévue dans un grand hôtel à N’Djamena a été interdite, selon les organisateurs.

Environ 800 jeunes venus de l’intérieur et de l’extérieur du Tchad n'ont pas pu entrer à hôtel qui devrait abriter la formation durant laquelle l’opposant Succès Masra devait intervenir.

Les éléments du service de sécurité ont ordonné simplement aux organisateurs et aux participants se trouvant déjà dans la salle vendredi dernier de vider les lieux. Les gardes ont affirmé avoir reçu des instructions, selon des témoins.

"C’était une formation totalement apolitique pour amener ces jeunes diplômés dont les portes de la fonction publique leurs sont fermées de créer de la richesse et on vient les interdire de chercher leurs propres opportunités", a déclaré Succès Masra, économiste de formation.

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Selon lui, depuis 2013, c’est plus de 10.000 jeunes qu’on a formés et à la sortie, certains bénéficient des prix allant de 500.000 à 1,5 million FCFA pour leur permettre de créer des entreprises pour leur prise en charge. Plusieurs étudiants tchadiens sont venus du Cameroun voisin pour participer à cette formation.

"Comment comprendre qu’une formation lancée à l’endroit des jeunes pour leur permettre de créer de la richesse qui aiderait le pays puisse être interdite ? Le gouvernement doit repenser sa façon de faire parce que le gouvernement veut une jeunesse qui ose, il doit laisser cette jeunesse apprendre pour se prendre elle-même en charge", explique ce jeune à VOA Afrique. ​

Un autre de renchérir: "Au Cameroun, il y a des professeurs qui ont leurs partis politiques mais qui interviennent à l’université et qui organisent leurs activités librement".

"Je suis en colère parce que j’ai effectué un déplacement pour venir me faire former. Le développement d’un pays passe par l’éducation mais ces gens-là ne veulent pas le développement", s’insurge-t-il.

Abderaman Koulamallah ministre de la communication porte parole du gouvernement tchadien, le 9 février 2022. (VOA/André Kodmadjingar)

Pour le ministre de la Communication Abdéraman Koulamallah, le gouvernement n’est pas au courant de ce malentendu entre ces jeunes et le service de sécurité.

"Je me tiens à la disposition de ces jeunes pour trouver rapidement un accord pour qu’ils puissent faire leur formation. C’est scandaleux d’empêcher les jeunes de s’exprimer et surtout quand il s’agit d’une formation et je ne pense pas que c’est à cause d’un leader politique. Ce sont des Tchadiens et je ne vois pas en quoi le gouvernement est concerné par ça", a précisé Abderaman Koulamallah.