Une manifestation de la société civile dispersée par la police au Togo

Un policier discute avec un journaliste lors d'un sit-in de protestation contre une nouvelle loi sur les médias à Lomé, au Togo, le 14 mars 2013.

La police a fait usage des grenades lacrymogènes samedi à Lomé pour disperser une manifestation organisée par la société civile. Les manifestants dispersés dénonçaient le retrait de fréquences de deux médias privés.

La Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication au Togo (Haac) a retiré le 6 février les fréquences de La Chaîne du Futur (LCF) et de la radio City FM, médias qui émettent depuis 10 ans, les accusant de n'avoir pas rempli les "formalités préalables d'autorisation".

C'est la quatrième manifestation de la société civile, en moins de deux semaines. Les manifestations précédentes se sont déroulées sans incident.

Samedi, à l'appel d'une douzaine d'organisations de la société civile, plusieurs centaines de manifestants ont défilé pendant deux heures avant d'être dispersés en une quinzaine de minutes alors qu'ils tentaient de forcer un cordon de la police pour se rendre au siège de la Haac.

Selon un responsable de la police interrogé par l'AFP, les manifestants n'étaient pas autorisés à aller à la Haac.

Certains manifestants étaient vêtus de tee-shirts rouge sur lesquels on pouvait lire : "Ouvrez LCF et City Fm". Des responsables des partis politiques de l'opposition ont également participé à cette marche.

"La décision de la Haac est une entrave à la liberté de la presse. C'est une décision illégale et arbitraire. Nous demandons simplement la réouverture de ces deux médias", a déclaré à l'AFP Me Célestin Agbogan, vice-président de la Ligue togolaise des droits de l'homme (Ltdh).

"Nous demandons non seulement la réouverture de ces deux médias, mais aussi le respect des journalistes dans l'exercice de leur métier sans aucune pression", a renchéri Eric Dupuy, responsable à la communication de l'Alliance nationale pour le changement (Anc, principal parti de l'opposition).

Selon la Haac, LCF et la radio City FM, qui appartiennent au groupe Sud Média, "n'ont obtenu aucune autorisation préalable avant de commencer à émettre en 2007".

Les responsables du groupe Sud Média ont jugé la démarche de la Haac "illégale", assurant que "toutes les démarches" avaient été effectuées pour soumettre le dossier.

Dans un communiqué, l'ONG Amnesty International avait dénoncé "une attaque contre la liberté d'expression".

Plusieurs associations de journalistes au Togo ont aussi condamné la décision de la Haac qui, selon elles, "réduit l'espace de liberté et porte atteinte à la pluralité ainsi qu'à la diversité du paysage médiatique togolais".

En début de semaine, un journaliste travaillant pour un média proche de l'opposition (l'Alternative) a été molesté par des gendarmes au cours d'un reportage à Lomé.

L'Alternative est un journal privé réputé critique vis-à-vis du président Faure Gnassingbé, qui a succédé à son père à la présidentielle de 2005 avec l'appui de l'armée, avant d'être réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l'opposition.

Avec AFP