Même s'il était voué à l'échec au Sénat où la minorité démocrate possède un pouvoir de blocage, ce projet de loi a été nettement rejeté (seulement 121 voix pour) faute de consensus chez les républicains de la Chambre des représentants, qui détiennent pourtant la majorité avec 235 sièges. Signe des frictions entre modérés et radicaux, le vote avait été repoussé deux fois la semaine dernière. Aucun démocrate n'a voté pour le texte.
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Donald Trump avait pourtant exhorté mercredi matin sur Twitter les élus du Grand Old Party (GOP) à approuver un texte "sévère mais juste (...) même si les Dems (démocrates, ndlr) ne le laisseront pas passer au Sénat". Mais il avait auparavant envoyé des signaux contradictoires en conseillant aux républicains la semaine dernière de se concentrer sur les élections de novembre, après avoir demandé par décret que le Congrès résolve de manière définitive la question des enfants de migrants séparées après l'arrestation de leurs parents en franchissant illégalement la frontière mexicaine.
La proposition devait résoudre la question des familles déchirées et des "failles" du système actuel, selon les républicains, en incluant les "piliers" exigés par Donald Trump pour toute promulgation: le financement du mur à la frontière mexicaine, une solution pour les jeunes dits "Dreamers" --arrivés sans papiers aux Etats-Unis lorsqu'ils étaient enfants-- et une nette réduction de l'immigration légale.
Elle prévoyait un permis de travail et de résidence pour les "Dreamers", renouvelable tous les six ans et qui les autorise à tenter de décrocher ensuite un statut de résident permanent.
Le texte obligeait aussi les entreprises à vérifier, en ligne, le statut de leurs employés à travers les services d'immigration et aidait les régions agricoles à garder leurs employés immigrés au statut légal.
"Bien que cette mesure ne soit pas passée, notre lutte pour une réforme de l'immigration va continuer", a écrit sur Twitter un républicain modéré de la Chambre, Mike Coffman.
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Le démocrate Don Beyer a expliqué que son parti avait rejeté le texte "parce que les +Dreamers+ étaient otages du financement du mur, il laissait en place beaucoup des politiques anti-familles de Trump et il en empirait d'autres. Beaucoup de républicains ont voté contre parce qu'il n'était pas assez anti-immigrés".
Avant le scrutin, des élus républicains avaient évoqué un autre texte, uniquement centré sur la fin de la mesure de séparation des familles de clandestins, qui pourrait avoir plus de chances de rallier les voix démocrates.
Cette défaite est le second revers pour le président après qu'un tribunal de San Diego (sud-ouest) a ordonné dans la nuit de mardi à mercredi que la réunification des familles de migrants, dont les enfants avaient été séparés de leurs parents arrêtés à la frontière.
Symbole de la "tolérance zéro" à l'immigration illégale annoncée début mai, l'administration avait instauré des poursuites judiciaires systématiques contre les familles arrêtées après avoir traversé la frontière et plus de 2.300 enfants ont été séparés de leurs parents. Ces migrants, pour la plupart, fuient la violence qui ronge l'Amérique centrale.
Mais cette mesure a été annulée la semaine dernière par Donald Trump face au tollé provoqué par les images d'enfants en pleurs placés dans des centres d'hébergement, parfois à des milliers de kilomètres de la frontière. La politique migratoire a aussi exacerbé les antagonismes entre partisans et détracteurs du président.
Les parents doivent, sauf s'ils présentent un danger pour leurs enfants, être réunis avec eux sous 14 jours pour les moins de cinq ans et sous trente jours pour tous les autres, a décidé le tribunal californien qui demande au gouvernement fédéral de "faire face aux circonstances chaotiques qu'il a créées".
Le président républicain a fait de la limitation de l'immigration légale et illégale une priorité de son mandat, au nom de la sauvegarde des emplois américains et de la sécurité des citoyens face à la criminalité et au terrorisme.
Il a obtenu mardi une victoire symbolique à la Cour suprême qui a validé, après des mois de contentieux, son décret migratoire controversé interdisant l'entrée sur le territoire aux ressortissants de six pays, pour la plupart à majorité musulmane.
Avec AFP