Une petite enclave blanche sud-africaine va lancer son bitcoin

Un panneau indiquant l'acceptation du paiement par Bitcoin, en Australie, le 29 septembre 2015.

Depuis plus de deux décennies, la petite enclave blanche d'Orania défie les autorités de l'Afrique du Sud "arc-en-ciel". Après avoir adopté leurs billets de banque, ses 1.400 habitants envisagent désormais de se doter de leur propre monnaie électronique.

Née pendant les années tumultueuses de la fin de l'apartheid, la ville d'Orania (centre), composée à 97% de Blancs, pourrait être la première du pays à utiliser une version locale du fameux "bitcoin".

Inventée en 2009 par un ou plusieurs informaticiens se cachant sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, cette crypto-monnaie autorégulée s'échange sur internet par milliards de dollars, selon les experts, tout en préservant l'anonymat de ses propriétaires.

Si tout se passe bien, Orania devrait rapidement rejoindre le club des utilisateurs de monnaie virtuelle, avec l'"e-ora", la version électronique de la devise ora utilisée dans la ville.

"Notre idée, c'est de faire une version électronique de l'ora physique qui existe déjà et de la lui substituer", explique Dawie Roodt, chef économiste à Efficient Group.

Mandaté par la ville pour réduire le coût d'utilisation de sa monnaie en papier, ce cabinet de conseil financier a abouti à la conclusion qu'il fallait tout simplement la numériser.

"Si vous êtes capable de réduire le coût des transactions, vous pouvez alors doper l'activité économique de façon très substantielle", plaide M. Roodt.

Dans le meilleur des cas, Orania devrait se doter de sa monnaie électronique à la mi-août. Au pire dans quelques mois.

Monnaie très locale

Avant même d'être en circulation, l'"e-ora" a déjà fait des adeptes dans les rangs de la population.

"Je suis jeune, j'ai l'habitude de faire l'essentiel de mes opérations bancaires en ligne et j'en connais les avantages. Alors si je peux aller un peu plus loin sur cette voie et créer ma propre économie, c'est plus que bienvenu", s'enthousiasme James Kemp, 35 ans, l'un des membres du Mouvement Orania qui a fondé la ville.

Aujourd'hui, les habitants d'Orania peuvent échanger leurs rands sud-africains pour des billets libellés en "ora" au taux de un pour un à l'équivalent de la "banque centrale" de la ville.

La ville finance cette devise en plaçant sur des comptes rémunérés les rands sud-africains contre lesquels ils sont échangés.

Les "billets" ont la forme d'un coupon ou d'un bon, estampillé au recto de l'emblème de la ville et d'une date d'expiration et, au verso, d'un espace publicitaire réservé aux entreprises locales. Ils sont souvent achetés en guise de souvenirs par les visiteurs.

Le Mouvement Orania a été lancé dans les années 1990 après la chute du régime raciste de l'apartheid avec l'objectif de protéger la culture et la langue des Afrikaners blancs face à la majorité sud-africaine noire.

La ville a été fondée aux débuts des années 90 dans un morceau du désert du Karoo d'une superficie de 8.000 hectares. Elle dispose de sa propre autorité et d'un drapeau. Ses nouveaux résidents sont tous cooptés après un entretien serré avec ses autorités.

La majorité de sa population active travaille dans l'agriculture ou le commerce.

Malgré sa quasi-exclusivité raciale, Orania, qui se défend d'être raciste, ne contrevient pas à la Constitution sud-africaine, qui garantit le droit à l'autodétermination.

Avec AFP