Suleyman, sa femme Yasmine, leur fils Hussein, 6 ans, et Falak, dont l'oeil gauche est caché par une compresse, ont atterri à la mi-journée à l'aéroport de Fiumicino en provenance de Beyrouth, fatigués mais tout sourires, "si heureux d'être enfin en Italie".
"Nous avons fait bon voyage, merci, nous sommes si heureux", a affirmé Yasmine, 27 ans, dans un mélange d'anglais et d'italien, aux côtés de son mari, le visage grave.
Leurs enfants, porteurs du même sac à dos, vert pour Hussein et rose pour Falak tiennent sagement la main de leurs parents.
Accompagnés par des membres de la Fédération des Eglises évangéliques italiennes (FCEI), de l'Eglise vaudoise et de la communauté catholique de Sant'Egidio, les Al Hourani ont répondu pendant quelques minutes aux journalistes présents, un peu intimidés par les caméras et les micros.
Après avoir fui les combats à Homs, où Suleyman tenait un magasin de réparation de télévisions et Yasmine étudiait l'anglais, les Al Hourani sont arrivés il y a deux ans à Tripoli, au Liban, où ils vivaient "dans un garage".
Falak, pour ne pas perdre son deuxième oeil du cancer, "doit subir urgemment une chimiothérapie" dans le principal hôpital pédiatrique de Rome, le Bambino Gesù, a expliqué sa jeune maman.
- Initiative 'pilote' en Europe -
Une fois le traitement terminé, la petite fille et sa famille, qui ont déposé dès leur arrivée à l'aéroport une demande d'asile politique en Italie, pourront s'installer et reprendre un cours de vie normal.
"Ici, on est sécurité, merci l'Italie, j'aime l'Italie", a souri Yasmine, avant d'entonner spontanément "Lasciatemi cantare" de Toto Cutugno.
A la mi-décembre, ces associations et églises chrétiennes en Italie avaient lancé une initiative de "corridor humanitaire", la présentant comme "pilote en Europe", à destination des réfugiés "les plus vulnérables": mères seules, enfants, femmes enceintes, personnes malades ou handicapées.
Soutenue par les ministères italiens des Affaires étrangères et de l'Intérieur, chargés de délivrer des visas "pour raison humanitaire", cette initiative doit permettre de faire venir un millier de personnes d'ici un à deux ans dans la péninsule.
Deux bureaux, installés à Beyrouth et à Tanger (Maroc), avaient été ouverts peu avant Noël afin de sélectionner les candidats au voyage, dont l'avion et l'installation sont pris en charge par les associations partenaires.
A Beyrouth, quelque 80 familles sont en attente d'un départ pour Rome, a affirmé à l'AFP Daniela Pompei, en charge de l'unité intégration et immigration à Sant'Egidio.
"Nous tenons à remercier les autorités italiennes qui ont donné leur aval à cette procédure expérimentale de corridor humanitaire", a ajouté la responsable catholique.
Selon elle, cette expérimentation est "nécessaire non seulement en Italie mais également en Europe, surtout en ce moment, afin de garantir aux réfugiés de parvenir de façon sûre" en Occident, a assuré Mme Pompei.
Si l'expérience est concluante, un troisième bureau sera ouvert dans six mois en Ethiopie.
"Faire venir ces gens sans qu'ils aient besoin de passer par les trafiquants est un vrai succès pour nous. Espérons que ça se passe bien", a conclu la responsable de Sant'Egidio.
L'Italie a déjà d'autres programmes en cours pour faire venir légalement des réfugiés, soutenus par le gouvernement.
Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) s'est inquiété mardi que les enfants constituent aujourd'hui plus d'un tiers des migrants passant par la mer de Turquie en Grèce, une proportion en forte hausse.
Selon les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 60 des 272 migrants qui ont péri en mer entre la Turquie et la Grèce en janvier étaient des enfants.
Avec AFP