La police accuse des rebelles d'avoir massacré 39 agents en RDC

Des policiers encadrent un groupe d’homme près des tombes nouvellement creusées sur les lieux d'un accident de train dans la jungle à Ndenga Mongo, province de Kasaï, RDC, 4 août 2007.

La police congolaise a accusé une rébellion d'avoir massacré 39 de ses agents au Kasaï, région du centre de la République démocratique du Congo en proie à la violence depuis plus de six mois.

L'attaque menée par les miliciens du groupe Kamuina Nsapu visait un convoi de policiers qui se rendait de Tshikapa à Kananga, deux villes de cette région qui connaît un mouvement d'insurrection depuis le mois d'août.

Les miliciens se sont emparés des armes des policiers et des véhicules à bord desquels ils circulaient, a précisé François Kalamba, président de l'assemblée provinciale de Kasaï.

"Ils (les policiers) ont été arrêtés par des miliciens qui en ont décapité environ 40",
François Kalamba, président de l'assemblée provinciale de Kasaï.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière commise contre les forces de sécurité congolaises depuis le début de la rébellion qui s'est étendue à cinq provinces et constitue une menace sérieuse pour le pouvoir du président Joseph Kabila.

Ce dernier a refusé de quitter ses fonctions à la fin de son mandat de chef de l'Etat en décembre provoquant une série de violences meurtrières dans l'ensemble du pays.

"Ils (les policiers) ont été arrêtés par des miliciens qui en ont décapité environ 40", a déclaré François Kalamba. Six policiers ont été épargnés au motif qu'ils parlaient le dialecte local tshiluba.

Cette accusation survient à deux jours d'un vote prévu au Conseil de sécurité de l'ONU sur le renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco) - la plus grosse force de maintien de la paix onusienne au monde (très peu présente au Kasaï), alors que la situation de la RDC, en proie à une crise politique, sécuritaire, économique et sociale inquiète ses voisins et la communauté internationale.

Selon le colonel Pierre-Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police, 39 "vaillants policiers" seraient tombées vendredi matin dans une "embuscade" tendue par des miliciens Kamwina Nsapu à Kamuesha, à environ 75 km au nord-est de Tshikapa, capitale de la province du Kasaï.

Ils ont été "enterrés par leurs bourreaux dans une fosse commune", a ajouté l'officier dans un communiqué annonçant "que des dispositions urgentes ont été prises pour mettre définitivement un terme à l'insécurité qui sévit" au Kasaï "par la mise hors d'état de nuire" des partisans de Kamwina Nsapu.

Contacté par l'AFP dans la soirée en vue d'obtenir davantage de renseignements, le colonel Mwanamputu a indiqué ne pas pouvoir répondre dans l'immédiat, étant "en réunion".

La rébellion Kamwina Nsapu porte le nom d'un chef coutumier kasaïen entré en conflit avec les autorités provinciales et le pouvoir central et tué par les forces de l'ordre en août. Elle a été accusée par l'ONU de recruter des enfants et d'avoir commis de nombreuses atrocités.

En face, les forces de l'ordre se voient régulièrement reprocher par les Nations unies de faire un usage disproportionné de la force contre des miliciens armés essentiellement de bâtons et de lance-pierres.

Depuis le début de la rébellion, les violences ont fait au minimum 400 morts. Mi-mars, la justice militaire congolaise a annoncé avoir arrêté sept soldats dans le cadre d'une enquête diligentée après la publication sur les réseaux sociaux d'une vidéo mettant en cause un peloton militaire dans un massacre présumé perpétré au Kasaï-oriental.

Partie du Kasaï-central, la province d'origine de Kamwina Nsapu, la contestation a contaminé trois autres provinces, sur fond de misère généralisée dans cette zone enclavée, largement dépourvue d'infrastructures, et acquise à l'opposant historique Étienne Tshisekedi (originaire du Kasaï), mort le 1er février pendant des négociations politiques destinées à sortir pacifiquement le pays de la crise provoquée par le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila.

Agé de 45 ans, M. Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter, est arrivé au terme de son second mandat le 20 décembre et reste à son poste en vertu d'un arrêt controversé de la Cour constitutionnelle.

Selon les statistiques des Nations unies, plus de 400 personnes ont été tuées dans les récentes violences en RDC. Le gouvernement a précisé mardi que 67 policiers et de nombreux soldats avaient péri dans des heurts.