Une répression post-électorale "inquiétante" avant l'installation du nouveau Parlement

Des pneus brûlent alors que les manifestants barricadent les rues de Cadjehoun, fief de l'ancien président du Bénin, Thomas Yayi Boni, le 2 mai 2019 à Cotonou.

Amnesty International s'est inquiétée mardi de la "répression" qui a suivi les élections législatives du 28 avril au Bénin, et qui ont fait au moins "quatre morts par balle", à deux jours de la mise en place de la nouvelle législature.

"La répression a atteint des proportions inquiétantes au Bénin où quatre personnes ont été tuées lors des manifestations post-électorales, et les familles des victimes peinent toujours à récupérer les corps", a fait savoir l'ONG de défense des droits de l'Homme, dans un communiqué.

"A Cotonou, la plus grande ville du pays, les forces de sécurité ont procédé à des arrestations arbitraires y compris d'un blessé grave", dénonce Amnesty.

Selon l'ONG, des fouilles systématiques et des interrogatoires de simples passants sont également opérés dans le quartier Cadjéhoun, où réside l'ancien président Yayi Boni, et épicentre des violences post-électorales.

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Le domicile de l'ex-chef de l'Etat était toujours sous surveillance des forces de sécurité deux semaines après les manifestations. Il n'est toujours pas sorti de son domicile et son avocat s'est vu refuser l'entrée.

Des manifestations violentes ont éclaté au Bénin quelques jours après les élections législatives du 28 avril, où l'opposition n'avait pas pu se présenter pour des raisons administratives.

Des centaines de personnes s'étaient rassemblées à Cotonou, craignant que les forces de sécurité ne procèdent à l'arrestation de Boni Yayi, qui garde une importante assise au sein de la classe populaire.

Boni Yayi (2006-2016), ainsi qu'un autre ancien président, Nicéphore Solglo (1991-1996), avaient appelé les Béninois à boycotter ce scrutin qu'ils ont qualifié de "coup d'Etat électoral", puis ont lancé un ultimatum au président Patrice Talon pour annuler le vote.

Ces élections ont été marquées par un fort taux d'abstention (73% selon les résultats définitifs de la Cour Constitutionnelle), et marque un tournant autoritaire dans un pays autrefois réputé pour être un exemple démocratique en Afrique de l'Ouest.

Les 83 députés élus, issus des deux partis proches du pouvoir (le Bloc républicain et l'Union progressiste) formeront la 8ème législature du Parlement béninois depuis l'avènement de la démocratie en 1990 et entreront en fonction le 16 mai à Porto Novo.