Premières expulsions des migrants afghans en Allemagne

Les premiers Afghans expulsés d'Allemagne arrivent à l'aéroport international de Kaboul, en Afghanistan, le jeudi 15 décembre 2016.

Trente-quatre Afghans expulsés par l'Allemagne sont arrivés à Kaboul à bord du premier avion charter de ce type depuis la signature d'un accord UE-Afghanistan pour organiser et accélérer les expulsions.

"Un premier vol d'expulsion a été mené à bien", a déclaré à la presse le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière.

Il transportait 34 hommes, dont un tiers de repris de justice condamnés pour des crimes allant du vol à l'homicide, ont précisé les autorités allemandes.

Selon un porte-parole du ministère afghan des Réfugiés, environ 10.000 Afghans sont revenus d'Europe cette année en dépit de la détérioration de la situation sécuritaire en Afghanistan, où les talibans sont à l'offensive.

Parmi eux, 3.200 Afghans ont quitté l'Allemagne pour leur pays dans le cadre d'un programme de retours volontaires.

"Un autre groupe de 50 demandeurs d'asile afghans doit être expulsé" d'Allemagne dans les semaines à venir, a ajouté ce porte-parole, Islamuddin Jurat.

Les Afghans expulsés jeudi étaient accompagnés de 93 policiers, d'un traducteur et de membres du personnel médical, a annoncé le ministère allemand de l'Intérieur dans un communiqué, précisant que les "coûts de cette mesure sont assumés par l'agence européenne de contrôle des frontières Frontex".

Nombre d'ONG allemandes ont dénoncé ce procédé, considérant que l'Afghanistan n'était pas un pays assez sûr pour y renvoyer des migrants, alors que l'UE et Kaboul ont trouvé un accord en octobre pour faciliter ces expulsions à la suite de la crise migratoire de 2015.

L'Allemagne a vu cette année-là 900.000 demandeurs d'asile arriver dont quelque 150.000 Afghans. A l'heure actuelle, 12.000 ressortissants afghans sont considérés comme devant être expulsés.

M. de Maizière a défendu le recours aux vols charters en soulignant qu'ils étaient nécessaires en vue de préserver le droit d'asile pour ceux remplissant les critères.

"Ces expulsions sont justes et nécessaires pour préserver notre système d'asile", a-t-il noté, ajoutant que la Suède avait aussi organisé un vol de ce type, le 13 décembre, à destination de l'Afghanistan.

Par ailleurs, pour lui, la population civile n'est pas la cible des talibans et les Afghans doivent rester chez eux pour rebâtir leur pays.

"Les attentats des talibans visent les représentants de la communauté internationale et les forces de sécurité afghanes, pas la population civile", a-t-il dit.

"Et si les forces allemandes sont engagées pour sécuriser l'Afghanistan et participer à la reconstruction, alors il est possible et raisonnable de considérer que la population afghane peut retourner dans sa patrie", a souligné le ministre.

L'Afghanistan fait face à des flux de population records, avec plus d'un demi-million de civils déplacés par les combats depuis le début de l'année selon l'ONU. En parallèle, le Pakistan et l'Iran, qui accueillent depuis des décennies le gros des réfugiés afghans, ont durci leurs conditions d'accueil, poussant des centaines de milliers d'Afghans à rentrer dans leur pays en 2016.

Avec AFP