En 2020, la Convention nationale démocratique (DNC) fut virtuelle à cause de l'épidémie de Covid. Cette semaine, cette convention aurait du être la première où Joe Biden aurait accepté en personne sa nomination en tant que candidat du parti à l'élection présidentielle. Il aurait été célébré en grande pompe, porté par l'espoir des démocrates qu'il obtienne un second mandat, dans la lignée de ses prédécesseurs Barack Obama et Bill Clinton.
C'est ce qui était prévu jusqu'au 21 juillet, date à laquelle Joe Biden a annoncé qu'il tenait sa promesse d'être un leader « transitoire » et qu'il soutenait sa vice-présidente Kamala Harris pour prendre sa place. Jusqu'à cette date, son équipe avait préparé un discours pour cette Convention afin de célébrer ce que le président avait accompli au cours de son premier mandat et de galvaniser le soutien des électeurs pour « finir le travail ».
Il doit maintenant relever le défi de s'adresser à un parti qui, de l'avis général, a montré qu'il était prêt à faire ses adieux au président, âgé de 81 ans, bien avant qu'il ne soit prêt à quitter la scène. Un parti dont le manque d'enthousiasme à l'égard de la campagne s'est transformé en inquiétude depuis la piètre performance de Joe Biden lors du débat de juin. Le parti démocrate s'est immédiatement mobilisé autour de sa jeune vice-présidente dès que M. Biden a annoncé qu'il ne se représentait pas, inversant rapidement les chiffres du ticket démocrate dans les sondages en moins d'un mois.
Faire face à cette réalité avec grâce et sérénité serait difficile pour quiconque. C'est probablement particulièrement difficile pour M. Biden, qui fait de la politique depuis cinq décennies et dont la première candidature à la Maison-Blanche remonte à 1988.
Lors d'une interview accordée à MSNBC quelques semaines avant de se retirer, M. Biden a déclaré qu'il était « très frustré » par les élites du parti. « Si l'un d'entre eux ne pense pas que je devrais me présenter, qu'il se présente contre moi. Présentez-vous contre moi. Allez-y et annoncez votre candidature à la présidence. Défiez-moi à la convention », a-t-il déclaré, visiblement irrité.
Lundi, Joe Biden sera confronté à une « situation historique sans précédent », a déclaré Thomas Schwartz, historien de la présidence à l'université Vanderbilt.
« Il s'agit d'un président qui n'a fait qu'un mandat et qui a été évincé par les leaders de son parti - (l'ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy) Pelosi, Obama, (le président de la majorité au Sénat) Schumer, et (le président de la Chambre des représentants Hakeem) Jeffries - à qui l'on demande maintenant de soutenir avec enthousiasme son vice-président », a déclaré M. Schwartz à la VOA. « Il n'y a pas besoin de Sigmund Freud pour se rendre compte que M. Biden est peut-être en proie à des sentiments contradictoires.»
Le seul président démocrate de l'ère moderne à avoir tenté et échoué à obtenir un second mandat est Jimmy Carter, qui a perdu contre Ronald Reagan en 1980. Le seul autre président démocrate à avoir tenté de se faire réélire mais à s'être retiré de la course est Lyndon Johnson, en 1968, en raison des protestations suscitées par sa politique de guerre au Vietnam.
Un leader magnanime
Les démocrates ont vénéré M. Biden comme un leader magnanime qui a fait passer le pays avant ses propres ambitions politiques. Avec quatre semaines pour digérer le fait qu'il ne sera pas en tête du ticket démocrate, on s'attend à ce qu'il joue son rôle pour mettre en avant Kamala Harris lundi.
En guise d'avant-goût de ce qui pourrait se passer lundi soir, lors de la première apparition conjointe de Biden et Harris jeudi pour promouvoir les efforts de l'administration visant à réduire les prix des médicaments sur ordonnance, les deux dirigeants se sont félicités et applaudis mutuellement. Leurs discours ont été interrompus par des chants de « Merci Joe » de la part de leurs partisans.
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M. Biden doit montrer que la décision de ne pas briguer un second mandat a été prise « de son propre chef », a déclaré Jennifer Lawless, professeur de politique à l'université de Virginie. C'est essentiel pour dénoncer les arguments des républicains visant à porter atteinte à Mme Harris et à semer la division parmi les démocrates en affirmant qu'il a été « forcé de partir » et que la nomination lui a été « volée », a-t-elle déclaré à VOA.
Le candidat républicain, l'ancien président Donald Trump, avait suggéré que M. Biden pourrait faire une apparition surprise à la DNC pour récupérer l'investiture.
« Quelles sont les chances que l'escroc Joe Biden, le pire président de l'histoire des États-Unis, dont la présidence lui a été inconstitutionnellement volée par Kamabla, Barack Hussein Obama, Nancy Pelosi la folle, Adam Schiff le sournois, Chuck Schumer le pleurnichard et d'autres de la gauche lunatique, s'incruste à la Convention nationale démocrate et tente de reprendre l'investiture, en commençant par me défier lors d'un autre débat ? », a écrit M. Trump dans un message sur les médias sociaux, en épelant mal le prénom de M. Harris. « Il estime avoir commis une erreur historique tragique en confiant la présidence des États-Unis, un coup d'État, aux personnes qu'il déteste le plus au monde, et il veut la récupérer maintenant.»
Il est peu probable que cela se produise. Au lieu de cela, en soutenant Kamala Harris, Joe Biden cherchera à polir son propre héritage - ses réalisations législatives nationales, son bilan en matière de politique étrangère et peut-être son rôle de leader qui, dans l'esprit des démocrates, a une fois de plus sauvé le pays de Trump, cette fois-ci en transmettant le flambeau.
« À bien des égards, l'héritage de Biden dépend autant du succès de Harris que des réalisations législatives de Biden », a déclaré M. Lawless. « Et le succès de Mme Harris dépend d'un parti enthousiaste et unifié. Leurs motivations sont donc alignées - mettre en valeur le front uni qui existe ».
Interrogé par les journalistes vendredi sur son message aux démocrates, Joe Biden a répondu simplement : « Gagnez ».