John Kerry et le rôle de la religion en politique étrangère

John Kerry prononçant son discours sur le rôle de la religion en politique étrangère, le 26 avril 2016, Houston, Texas.

Le rôle de la religion dans la politique étrangère des Etats-Unis est d’importance vitale, mais il n’est pas toujours très bien compris. C’est ce qu’a affirmé le secrétaire d’Etat américain John Kerry, lors d’un discours prononcé dans le Texas.

John Kerry a noté que la religion, à travers l'histoire , a joué un rôle majeur dans la détermination des frontières politiques et économiques dans le monde, et que c’est encore vrai aujourd’hui : "La religion reste profondément correlative, affectant les valeurs, actions, choix et visions du monde de chaque couche sociale sur tous les continents, et aussi ici-même chez nous. Elle fait partie de ce qui pousse certains à initier une guerre, et d’autres à rechercher la paix ; certains à s’organiser pour le changement, et d’autres à se cramponner désespérément aux vieilles méthodes, à résister au modernisme ; certains à tendre avec enthousiasme la main au-dessus des frontières et des croyances ; et d’autres à construire des murs toujours plus élevés pour séparer un groupe d’un autre."

Peu après être devenu le chef de la diplomatie américaine en 2013, M. Kerry a créé au Département d’Etat le Bureau des religions et affaires mondiales – dans le cadre de l’Initiative de l’administration Obama pour encourager la coopération interconfessionnelle dans la résolution de nombre de questions importantes : "L’année dernière, par exemple, nous avons co-parrainé des ateliers pour les leaders religieux au Nigeria. Le thème était à la fois moral et pratique : la corruption. Les leaders religieux étaient profondément préoccupés par l’impact de la corruption sur leur pays et leurs communautés. Mais ils ont reconnu que relever un tel grand défi ne serait pas chose aisée. Pour citer un des participants, "quand vous combattez la corruption, la corruption riposte".

Ils ont ainsi adopté un plan d’action pour des réformes à tous les niveaux, et pour enseigner aux citoyens comment devenir des lanceurs d’alerte et prêcher devant leurs fidèles que la corruption n’est pas une sorte de partie inévitable de l’existence humaine, mais plutôt des abus que l’on peut et doit arrêter."

Un autre objectif de l’Initiative interconfessionnelle de l’administration Obama, a dit le chef e la diplomatie américaine, c’est la protection des minorités religieuses et ethniques qui font face à la persécution à travers le monde. Pour John Kerry, il s’agit-là d’"un test fondamental de la civilisation elle-même:

"Nous pensons que les gens doivent être libres de choisir leur foi, de changer de foi, de parler de leur foi et d’enseigner leur foi sans peur, ni intimidation. Et cette liberté d’identité religieuse et ethnique ne dépend pas du nombre. Les minorités religieuses doivent avoir les mêmes droits que les majorités."

Le secrétaire d’Etat américain a ajouté que des groupes extrémistes comme l’organisation Etat islamique se cachent derrière la religion pour commettre des atrocités, y compris le génocide de minorités religieuses.