La réforme du système de santé à nouveau torpillée par des républicains

Mitch McConnell (au centre), chef de file de la majorité républicaine au Sénat, Capitol Hill, le 11 juillet 2017. (AP Photo/J. Scott Applewhite)

Le projet républicain de réforme du système de santé américain a été de facto coulé lundi par des sénateurs de la majorité opposés au plan dans sa forme actuelle, marquant un nouvel échec pour le président Donald Trump.

L'examen de cette réforme, promise depuis sept ans par les républicains et par Donald Trump durant sa campagne électorale, avait déjà été repoussé deux fois, en juin puis cette semaine en raison de l'absence du sénateur John McCain, au repos chez lui après une intervention chirurgicale.

Lundi soir, deux sénateurs ont donné le coup de grâce en annonçant qu'ils voteraient contre la énième mouture élaborée par les chefs de la majorité, qui ont tenté en vain de concilier leurs 2 factions conservatrice et modérée.

Au total, quatre des 52 sénateurs républicains ont déclaré leur opposition, alors qu'au minimum 50 voix étaient requises.

On ignorait à ce stade si le chef de la majorité, Mitch McConnell, jetterait l'éponge ou s'il retenterait de sauver la réforme.

Mais Donald Trump, qui n'a inscrit aucune grande loi à son bilan depuis janvier, avait prévenu: en cas d'échec, "j'en serais très fâché, et beaucoup de gens seraient en colère", avait-il averti mercredi dernier.

Les républicains avaient pourtant réduit leurs ambitions. Ils avaient abandonné tout projet d'abroger totalement "Obamacare", la loi sur la couverture-maladie emblématique de la présidence de Barack Obama, qui a permis de réduire à un niveau historiquement bas le nombre d'Américains vivant sans assurance santé.

Leur projet visait en pratique à abroger certains éléments de la loi de 2010, comme l'obligation individuelle de s'assurer, tout en conservant d'autres aspects populaires, notamment des aides individuelles, certes réduites, aux ménages les plus modestes.

Ce grand écart, in fine, n'a satisfait personne. Les conservateurs dénonçaient un "Obamacare light", tandis que les républicains modérés, inquiets de l'impact potentiel de la loi dans leurs Etats, refusaient de couper l'herbe sous le pied de leurs populations les plus vulnérables.

McCain absent

"Nous devons repartir à zéro avec un processus législatif ouvert", a déclaré lundi l'un des frondeurs, Jerry Moran, sénateur du Kansas.

"Outre le fait qu'elle n'abroge pas la totalité des impôts d'Obamacare, (la proposition de loi) ne va pas assez loin pour baisser les prix des assurances pour la classe moyenne", a déclaré Mike Lee, ultra-conservateur de l'Utah, se joignant ainsi au conservateur libertaire Rand Paul et à la modérée Susan Collins.

La loi devait être l'un des premiers grands textes du début du mandat de Donald Trump, mais les accidents de parcours se sont multipliés. Après un retard au démarrage, il y eut une première fronde à la Chambre des représentants, avant celle du Sénat.

Puis ce week-end, on a appris que le sénateur John McCain, 80 ans, avait subi une craniectomie (détachement d'un volet du crâne, au niveau d'un sourcil) afin de retirer un caillot sanguin au-dessus de son oeil gauche.

Le Sénat n'autorisant que le vote en personne, et John McCain devant se reposer chez lui au moins une semaine, l'examen de la réforme avait donc - encore - été reporté sine die.

Finalement, avec ou sans John McCain, le texte n'était pas capable à ce stade de recueillir les 50 voix requises.

Les démocrates, qui à eux seuls n'étaient pas en mesure de bloquer la réforme, ont sommé lundi soir leurs adversaires politiques de renoncer pour de bon.

"Ce second échec de Trumpcare est la preuve que le coeur de cette loi est impossible à mettre en oeuvre", a déclaré Chuck Schumer, chef de file des sénateurs démocrates. "Au lieu de reprendre le même processus partisan, les républicains doivent repartir à zéro et s'entendre avec les démocrates".

L'opinion américaine, de son côté, a changé sur la loi démocrate depuis 2010: selon un sondage du Washington Post, la moitié des Américains préfèrent Obamacare au projet républicain, qui n'a les faveurs que de 24% des personnes interrogées.

Avec AFP