De Seattle au sud de la Floride, des écoles proposent d'aider de jeunes gens à "se débarrasser de l'homosexualité par la prière".
Ces centres, décriés par l'association américaine de psychologie comme par l'ancien président Barack Obama, offrent des séances de conseil thérapeutique, des groupes de soutien, des médicaments, de l'hypnose et même des opérations.
Un nouveau film avec la jeune star Chloë Grace Moretz qui tente d'attirer l'attention sur ce problème a créé l'émotion et enthousiasmé la critique au festival de Sundance.
"L'administration (Trump) croit totalement aux thérapies de conversion", a avancé l'actrice de 20 ans à l'AFP lors de la première de "The Miseducation of Cameron Post" à Park City, dans l'Utah, où se tient chaque année la grand-messe du cinéma indépendant.
Le vice-président "Mike Pence a même tenté de les subventionner avec des fonds publics" lorsqu'il était parlementaire dans l'Indiana, a-t-elle ajouté.
Dans ce drame, Chloë Grace Moretz joue une adolescente surprise en train d'avoir une relation sexuelle avec la "reine de la promotion" de son lycée au milieu des années 90. Une performance jugée par certains critiques comme la meilleure de sa carrière.
L'ex-enfant star est apparue sur le petit écran pour la première fois quand elle n'avait que 7 ans. Depuis, elle a tourné avec Olivier Assayas, Martin Scorsese, dans la série à succès "Desperate Housewives", entre autres.
Elle souligne que la pratique des thérapies pour homosexuels est légale dans une quarantaine d'Etats américains, sur un total de 50.
"Il y a deux semaines encore, le (Congrès du) New Hampshire a voté contre son interdiction", insiste-t-elle.
Dans le film, Cameron est envoyée de force dans un centre de thérapie par ses très conservateurs oncle et tante, chez qui elle vit depuis la mort de ses parents.
Méchants ou juste 'dangereux' ?
Elle y rencontre les adolescents rebelles Adam (Forrest Goodluck), un "homme à deux esprits" Navajo, et son amie unijambiste Jane Fonda - probablement un nom d'emprunt, même si le film ne le clarifie pas.
Tous trois fument des joints ensemble et partagent des anecdotes sarcastiques sur leurs instructeurs, parfaitement conscients que ces religieux zélés et psychologues amateurs sont ridiculement incompétents.
Mais le rire fait rapidement place à la tragédie. "The Miseducation" est le deuxième film de la réalisatrice Desiree Akhavan, qui le décrit comme un genre de "Breakfast club" gay.
Il "aborde beaucoup de problèmes: l'homophobie, le sexisme, le racisme, tous les -ismes", affirme Forrest Goodluck, qui jouait le fils de Leonardo DiCaprio dans "The Revenant".
"The Miseducation" est adapté d'un roman éponyme d'Emily M. Danforth.
La thérapeute qui gère le centre dans le film, interprétée par Jennifer Ehle, est une chrétienne pieuse qui s'est lancée dans les conversions pour homosexuels après s'être fait la main sur son frère.
Elle impose des exercices à ses jeunes patients pour leur mettre dans la tête que leur homosexualité n'est que le résultat d'une confusion des genres et que c'est une maladie mentale.
"Ce n'était pas facile de l'interpréter sans la diaboliser, de montrer à quel point elle tient à ces enfants et pense les aider", a expliqué à l'AFP Jennifer Ehle.
Les gens qui organisent des stages sont "dangereux", mais ils pensent vraiment qu'ils "sauvent ces jeunes de la damnation", remarque-t-elle.
John Gallagher Jr., qui interprète le révérend Rick, souligne lui aussi que son personnage n'est pas un authentique méchant: "il a fait une thérapie lui-même et l'enseigne à présent aux enfants, leur affirmant +vous aussi vous pouvez vivre heureux si vous suivez juste les étapes du programme comme je l'ai fait+", explique-t-il, espérant que le film aidera à éradiquer ces programmes.
Avec AFP