L'OMS souligne les "progrès réalisés" dans la vaccination sur le continent, mais prévient que "certaines difficultés" restent à surmonter pour y assurer un accès universel, dans un rapport publié à l'occasion de la première Conférence interministérielle sur l'immunisation en Afrique, qui s'est ouverte mercredi à Addis Abeba.
Intitulé "Tenir la promesse: assurer la vaccination pour tous en Afrique", le document tombe à mi-parcours de la mise en œuvre de la Décennie de la vaccination, un programme de la communauté sanitaire mondiale qui a pour but d'étendre l'accès aux vaccins et aux services de vaccination à tous les individus d'ici 2020.
"La couverture vaccinale s'est considérablement accrue dans presque tous les pays africains au cours des dernières décennies", observe l'OMS, qui prend pour exemple la baisse de la prévalence de la rougeole et de la méningite dans de nombreux pays africains.
-Succès des pays du Nord-
Mais l'organisation de l'ONU note également que "les efforts visant à accroître cette couverture "ont ralenti à travers le continent".
La couverture moyenne par le DTC3 (diphtérie-tétanos-coqueluche) - qui est couramment utilisée pour mesurer la force et la portée des programmes de vaccination - est passée de 57% en 2000 à 80% en 2014, explique-t-elle.
Mais moins de la moitié des pays africains (23 sur 54) ont atteint l'objectif fixé en 2012 par le Plan d'action mondial pour les vaccins (GVAP), qui consistait à porter la couverture nationale par le DTC3 à plus de 90% en 2014.
-Encore plus d’efforts dans les pays du Sud-
Si la plupart des pays d'Afrique du Nord ont atteint cet objectif, la situation est moins encourageante dans les pays subsahariens, souligne l'OMS qui, outre les disparités géographiques, pointe du doigt les inégalités entre populations riches et pauvres.
Avec une couverture pour le DTC3 de 99%, le Rwanda et l'île Maurice sont les meilleurs élèves de la classe. Kigali a adopté des "approches innovantes qui consistaient notamment à encourager les agents de santé à atteindre tous les enfants compris dans leur zone de travail, à administrer des vaccins dans les écoles et à se concentrer sur l'éducation à la santé et la communication".
Le Rwanda a ainsi fait "des progrès remarquables en matière de santé maternelle et infantile au cours des dernières années", relève l'OMS.
L'organisation cite aussi en exemple le Nigeria qui, jusqu'en 2012, comptait plus de la moitié des cas de poliomyélite dans le monde.
Les efforts conjugués des responsables gouvernementaux, des travailleurs de la santé, des chefs traditionnels et religieux, de la société civile et des partenaires internationaux ont fait que le pays n'a plus enregistré un seul cas de polio depuis juillet 2014.
Malgré les progrès, "des maladies graves comme la rougeole ou le tétanos néonatal, qui ont été totalement ou quasiment éliminées dans la plupart des régions du monde, restent endémiques en Afrique", indique cependant ce rapport.
Le dernier cas de poliomyélite a été enregistré en Afrique en août 2014 (Somalie). Cependant, il y a un "risque de réintroduction du virus" si la vaccination systématique "n'est pas accrue et maintenue".
-Nécessité des prix accessibles-
Le rapport rappelle aussi que la vaccination reste "l'une des interventions les plus rentables en matière de santé publique". Mais il avertit qu'un "financement supplémentaire" sera nécessaire pour fournir un "accès équitable aux vaccins pour tous les enfants à travers l'Afrique".
L'ONG Médecins sans frontières (MSF) a d'ailleurs regretté mercredi que la question du prix des vaccins pratiqué par les grands laboratoires ne soit pas au programme de la Conférence alors qu'il est un "obstacle majeur" à la généralisation de la vaccination.
"Si les prix des vaccins continuent de flamber, nous verrons - et nous le voyons déjà - des pays, en Afrique et dans le monde, devoir choisir de lutter contre telle ou telle maladie mortelle", a mis en garde Myriam Henkens, coordinatrice médicale internationale à MSF.
Avec AFP