M. Maduro a annoncé la convocation d'une assemblée constituante devant plusieurs milliers de ses partisans rassemblés dans le centre de Caracas à l'occasion de la Fête du travail du 1er mai.
Au même moment se déroulaient dans d'autres quartiers de nouvelles manifestations de l'opposition pour le départ de M. Maduro et pour des élections anticipées, marquées par des affrontements entre les manifestants et les forces de sécurité.
Des rassemblements de l'opposition ont aussi eu lieu dans d'autres villes.
'Une constituante du peuple'
M. Maduro a déclaré qu'il convoquait une assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution appelée à remplacer celle de 1999. Il s'agira selon lui d'une assemblée constituante "populaire, citoyenne, ouvrière", d'une "constituante du peuple" et non "des partis politiques".
Le président a indiqué qu'une partie des 500 membres de l'assemblée seraient élus par divers secteurs de la société, et que par exemple les retraités, les minorités sexuelles ou les handicapés y auraient leurs représentants.
Les autres membres "seront élus selon un système territorial avec un caractère municipal et local", a dit M. Maduro.
La nouvelle Constitution remplacerait celle de 1999, adoptée à l'initiative de Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013 et mentor de M. Maduro. La Constitution de 1999 avait été rédigée par 131 constituants élus au suffrage direct, universel et secret, puis approuvée par référendum.
L'opposition vénézuélienne a immédiatement rejeté l'initiative de M. Maduro, estimant qu'il s'agissait de la poursuite du "coup d'Etat" mené selon elle par le camp du président contre le Parlement qu'elle contrôle.
"Maduro renforce le coup d'Etat et approfondit la grave crise" que vit le Venezuela, a déclaré sur Twitter un des principaux dirigeants de l'opposition, Henrique Capriles, ancien candidat à l'élection présidentielle.
Le pouvoir veut "tuer la Constitution" avec cette initiative qui est une "fraude", a estimé M. Capriles, appelant les partisans de l'opposition à "désobéir à une telle folie".
"Le coup d'Etat continue. Ce qu'a convoqué Maduro n'est pas une constituante mais une 'prostituante'", a lancé un autre responsable de l'opposition, le parlementaire Henry Ramos Allup.
L'opposition, majoritaire au Parlement depuis les élections législatives de décembre 2015, accuse le pouvoir de "coup d'Etat" depuis que le Tribunal suprême de justice (TSJ, Cour suprême) s'est arrogé les pouvoirs du Parlement et a supprimé l'immunité des députés.
Devant le tollé international, le TSJ a dû faire marche arrière. Mais cette tentative pour neutraliser la seule institution tenue par l'opposition a déclenché une vague de manifestations au cours desquelles 28 personnes ont été tuées depuis le 1er avril, selon le Parquet.
'Une escroquerie'
Le président du Parlement, Julio Borges, a lui aussi appelé les Vénézuéliens à se révolter contre l'initiative de M. Maduro.
"C'est une escroquerie pour tromper le peuple", a déclaré M. Borges au cours d'une conférence de presse. "Nous appelons le peuple à se rebeller et à ne pas accepter ce coup d'Etat", a-t-il lancé.
En signe de protestation, l'opposition a donné dans la soirée un grand concert de casseroles dans plusieurs quartiers de Caracas, a appelé à "bloquer les rues" mardi matin et a annoncé une manifestation "géante" pour mercredi.
Pour l'analyste Eugenio Martinez, spécialiste des élections, "le chavisme convoque la seule élection qu'il pense être capable de gagner: l'élection d'une assemblée nationale constituante en manipulant les listes électorales et le système de vote".
Après son annonce, M. Maduro a réuni ses ministres et les chefs des forces armées au palais présidentiel de Miraflores. Il a signé le décret convoquant l'assemblée constituante et a annoncé sans autre précision "de nouvelles formes de démocratie participative".
M. Maduro a justifié son initiative en accusant ses opposants de refuser toute discussion. Il s'est félicité dimanche de la proposition du pape François que le Vatican reprenne la médiation qu'il avait assurée en 2016, mais ce à "des conditions très claires" qu'il n'a pas spécifiées.
L'opposition, pour sa part, a refusé dans une lettre au pape de reprendre un quelconque dialogue avec M. Maduro sans avoir de "garanties" explicites sur ses modalités.
La situation sur place reste très tendue, les rassemblements débouchant régulièrement sur des échanges de gaz lacrymogènes et de cocktails Molotov entre manifestants et forces de sécurité.
Lundi, des manifestants ont fait irruption sur une base aérienne militaire de l'est de Caracas, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'incident s'est produit sur la base aérienne Generalissimo Francisco de Miranda, où des manifestants ont arraché une partie de la grille d'enceinte. De petits groupes de manifestants sont ensuite entrés sur la base, mais en ont été chassés par les forces de sécurité.
Avec AFP