Vers la légalisation des paris sportifs partout en Amérique

Paris enregistrés pour le Super Bowl XLV à Las Vegas, Nevada le 27 janvier 2011.

La Cour suprême à Washington a aboli lundi une loi interdisant les paris sportifs dans 46 des 50 Etats américains, ouvrant la voie à un marché estimé à des dizaines de milliards de dollars.

La haute cour a donné raison au New Jersey, état qui se bat depuis des années pour obtenir le droit d'organiser des paris sportifs et dont les casinos, sinistrés économiquement, sont concentrés à Atlantic City.

Les Américains, qui ont inventé les machines à sous et les casinos géants, vont donc pouvoir découvrir tout un nouvel univers du jeu, tandis que les Etats vont pouvoir bénéficier d'une manne financière très importante sous forme de taxes.

>> Lire aussi : Bataille pour légaliser les paris sportifs en Amérique

Les sages de la plus haute juridiction américaine ont estimé que la loi de 1992 en vigueur était contraire à la Constitution: ce texte avait banni les paris sur les sports professionnels ou universitaires, sauf dans quatre Etats où ils existaient déjà (Nevada, Delaware, Montana, Oregon).

Le Congrès avait adopté cette législation en estimant que les paris menaceraient l'intégrité des rencontres sportives.

Le texte avait été défendu par le sénateur Bill Bradley, une ancienne vedette de basketball, au nom de la protection de la jeunesse.

"Les paris sportifs sous l'égide des Etats véhiculeraient le message que, dans le sport, l'argent est plus important que le dépassement de soi et l'esprit sportif", avait affirmé l'élu démocrate.

Les quatre principales fédérations sportives, la NFL (football américain), la NBA (basket), la MLB (baseball) et la NHL (hockey sur glace) avaient aussi soutenu ces restrictions.

Chris Christie, à l'époque gouverneur républicain du New Jersey, avait entamé une lutte de longue haleine contre le texte, essuyant des revers systématiques devant les tribunaux. Jusqu'à ce lundi.

La Cour suprême a rendu sa décision lundi à la majorité de ses neuf juges, les deux magistrates progressistes Ruth Bader Ginsburg et Sonia Sotomayor se disant complètement en désaccord.

L'audience début décembre avait porté sur un problème de droit quasiment aussi vieux que les Etats-Unis: comment délimiter ce qui relève des Etats et ce qui relève du pouvoir fédéral, par définition prééminent ?


"Un grand jour pour le droit des Etats et le droit de leurs populations à décider par elles-mêmes", a réagi lundi M. Christie sur Twitter.

L'avocat du gouvernement avait défendu la règle fédérale, M. Trump se retrouvant dans le même camp que la NFL, une ironie en soi vu les récentes passes d'armes entre la ligue professionnelle de football américain et le président, furieux que certains joueurs refusent d'être debout pour l'hymne national.

Dans le camp de M. Christie, on avait plaidé un nécessaire pragmatisme, alors que les jeux d'argent via les casinos et les loteries sont déjà largement implantés aux quatre coins des Etats-Unis.

"Les paris sportifs existent, (mais) ils sont illégaux", avait par ailleurs affirmé Theodore Olson, l'avocat du New Jersey.

En effet, les paris sportifs clandestins représentent aujourd'hui un marché annuel de 150 milliards de dollars, selon l'American Gaming Association.

- Revers pour les religieux -

Au moins 18 Etats rêvent de s'engouffrer dans la brèche créée par le New Jersey. Les revenus publics, en termes de licences et de taxes, promettent en effet d'être juteux.

La décision de la Cour suprême est un revers pour des groupes religieux chrétiens et musulmans, qui avaient adressé aux juges des argumentaires contre l'extension des paris sportifs en Amérique.

Les experts avaient toutefois relevé que, derrière le blocage sur les principes, les lignes bougeaient: bien conscientes des enjeux monétaires, les fédérations sportives américaines apparaissaient de moins en moins opposées aux paris sportifs.

En novembre 2014, Adam Silver, le commissaire général de la NBA, avait publié une tribune préconisant un virage complet sur la question.

Avec AFP