La menace est formulée dans une vidéo de 28 minutes publiée lundi par une branche de l'EI basée dans l'ouest de l'Irak, d'après un organisme spécialisé dans la surveillance sur internet des sites islamiques, SITE Intelligence Group.
Les Ouïghours sont une minorité ethnique majoritairement musulmane originaire du Xinjiang (nord-ouest de la Chine). Cette région est un immense territoire semi-désertique, frontalier notamment avec l'Afghanistan. Des Ouïghours disent subir des discriminations religieuses et sur le marché de l'emploi face aux Hans (l'ethnie majoritaire en Chine).
Une frange radicalisée s'est vu imputer ces dernières années des attentats dans la région et au-delà, qui ont fait des centaines de morts. Pékin accuse des "séparatistes" ouïghours d'être à l'origine des attaques, et s'alarme des liens entre ces militants et les groupes jihadistes internationaux.
Dans la vidéo, un militant barbu menace la Chine couteau en main, avant d'égorger un homme désigné comme un informateur.
"Vous les Chinois qui ne comprenez pas ce que les gens disent! Nous sommes les soldats du Califat, et nous viendrons à vous pour clarifier les choses en faisant parler nos armes, pour verser des rivières de sang afin de venger les opprimés", hurle-t-il, selon une traduction du SITE Intelligence Group.
Cette vidéo constituerait la "première menace directe" de l'Etat islamique contre la Chine, a déclaré à l'AFP Michael Clarke, expert du Xinjiang à l'Université nationale australienne à Canberra.
C'est également "la première fois que des militants s'exprimant en ouïghour font allégeance à l'EI", ajoute-t-il.
Pékin est désormais selon lui "une cible de la rhétorique jihadiste", alors que la Chine était jusqu'alors rarement mentionnée par les organisations islamistes internationales.
Depuis une sanglante émeute ayant frappé la capitale du Xinjiang Urumqi en 2009 (environ 200 morts, principalement des Hans), Pékin impose des mesures de sécurité draconiennes dans la région: patrouilles, checkpoints, arrestations.
Plus de 10.000 membres des forces de sécurité (armée, police) ont été rassemblées lundi à Urumqi -- la quatrième démonstration de force de ce type depuis début 2017.
Mais les attaques restent régulières, et cinq personnes ont encore été tuées à l'arme blanche dans le Xinjiang en février.
Avec AFP