Violences intercommunautaires meurtrières

Zone d'éleveurs nomades installés sur le périmètre urbain de N'Djamena, le 2 septembre 2017. (VOA/André Kodmadjingar)

Une flambée de violences a fait au moins 37 morts en trois jours de combats entre communautés de cultivateurs et d'éleveurs dans l'est du Tchad, où le président Idriss Déby a promis vendredi de mener une "guerre totale" contre les fauteurs de troubles.

Depuis des dizaines d'années, la province du Ouaddaï, zone de transhumance à la frontière avec le Soudan, est en proie à des conflits entre éleveurs nomades arabes et cultivateurs autochtones ouaddaïens.

Depuis le début de la semaine, au moins "37 Tchadiens ont été tués" dans ces affrontements, a déploré vendredi le président Idriss Déby Itno. "C'est une guerre totale que nous devons engager contre ceux qui portent des armes et sont à l'origine des morts d'hommes", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "Le conflit intercommunautaire est devenu une préoccupation nationale, on assiste à un phénomène de mal vivre", a commenté le président tchadien.

Les affrontements ont commencé lundi dans un village de la sous-préfecture de Wadi Hamra, où "le corps sans vie d'un jeune éleveur" a été retrouvé, entraînant des affrontements entre sa communauté et des agriculteurs ouaddaïens. Au moins trois personnes ont alors été tuées, selon des témoignages sur place.

Le lendemain, d'autres combats ont éclaté dans un autre village du Wadi Hamra, d’après un chef traditionnel de la région, estimant à 25 morts le nombre de morts, tandis que le milieu médical assure qu’il y en aurait au moins 44.

Des forces de sécurité, dépêchées sur place, ont essuyé de tirs, a expliqué le président Déby, qui a promis de se rendre prochainement sur les lieux.

- Présence massive d'armes -

Au départ confiné au Ouaddaï, l'animosité entre les deux communautés s'est déplacée depuis le début de l'année à d'autres régions "où la cohabitation était (autrefois) exemplaire", a déclaré le président Déby. Dans la province du Sila, voisine du Ouaddaï, "nous avons enregistré plus de 40 morts depuis janvier", a-t-il détaillé.

Selon lui, le regain de tension s'explique principalement par les nombreuses armes à feu en circulation au Tchad venues de pays voisins en proie à de graves conflits armés, comme la Libye, la Centrafrique ou encore la province du Darfour au Soudan.

"Le gouvernement a créé des unités spéciales pour le désarmement. Nous récupérons des armes mais (...) le lendemain, d'autres entrent encore", a déploré le chef d'Etat.

Dans l'est du Tchad, la multiplication des tensions s'explique également par la sécheresse et la pression démographique.