Violentes manifestations après l'arrestation d'un ex-jihadiste devenu politicien en Somalie

Une manifestation à Mogadiscio, Somalie, 8 décembre 2017.

Des centaines de personnes ont manifesté pour la deuxième journée consécutive vendredi à Baïdoa, dans le sud-ouest de la Somalie, pour protester contre l'arrestation d'un ancien jihadiste briguant la présidence de leur région, ont rapporté les autorités locales et des témoins.

Des pneus ont été brûlés et des routes bloquées par les manifestants que la police tentait de disperser en tirant des coups de feu dans cette ville où doit avoir lieu le 19 décembre l'élection du président de l'Etat fédéré du Sud-Ouest.

Ils protestent contre l'arrestation jeudi de Muktar Robow, accusé par le gouvernement d'avoir "organisé une milice" à Baïdoa afin d'y "saper la stabilité" et de n'avoir "jamais renoncé à ses idéologies extrémistes".

Les manifestations à Baïdoa ont débuté jeudi après l'annonce de l'arrestation de M. Robow et se sont intensifiées vendredi.

"La situation est tendue et les manifestations sont de plus en plus importantes", a assuré à l'AFP Adaf Mumin, un résident de Baïdoa. "Il y a encore des coups de feu de la police qui tente de disperser les foules, toute la ville est dans le chaos".

Certains manifestants ont brandi des portraits de Muktar Robow, un ancien commandant et porte-parole des islamistes somaliens shebab affiliés à Al-Qaïda, et ont brûlé des portraits du président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed qu'ils accusent de se mêler injustement des affaires régionales.

"Ceux qui manifestent ne représentent pas un grand nombre de personnes et œuvrent contre la stabilité", a lui soutenu Abdulkadir Shekhuna, le président régional faisant fonction. "Nous avons demandé à la police de rétablir l'ordre public".

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Plusieurs témoins ont également rapporté que des dizaines de soldats éthiopiens de l'Amisom, la mission de l'Union africaine en Somalie, dont certains à bord de tanks, ont été déployés pour calmer la situation.

Un député de l'Assemblée régionale a été tué durant les manifestations, dans des circonstances encore floues.

"Je ne peux pas confirmer la manière dont il est mort mais un député régional a été tué ce matin alors que de violents manifestants bloquaient la route", a expliqué un policier, Mohamednur Adnan.

La candidature de Muktar Robow à la présidence de l'Etat du Sud-Ouest a une nouvelle fois exposé les vives tensions qui existent en Somalie entre les Etats fédérés, qui veulent plus d'autonomie, et le gouvernement central, soucieux de ne pas voir son pouvoir se diluer.

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Le gouvernement avait jusqu'à présent tenté en vain d'empêcher M. Robow de se présenter à l'élection, au motif qu'il est encore visé par des sanctions américaines.

Robow avait fait défection en août 2017 des shebab, un mouvement qu'il a aidé à fonder, quelques années après avoir rompu avec celui qui était alors à la tête de l'insurrection, Ahmed Abdi Godane.