"Les États-Unis ne peuvent pas continuer à être le gendarme du monde. C'est injuste quand le fardeau est entièrement sur nous", a-t-il déclaré sur la base aérienne d'Al-Assad, à environ 160 kilomètres à l'ouest de Bagdad, où il a atterri à 19H16 locales (16H16 GMT) en compagnie notamment de son épouse Melania.
Le président et la Première dame s'étaient "envolés pour l'Irak tard le soir de Noël pour rendre visite à nos troupes et à nos commandants militaires afin de les remercier pour leur engagement, leur succès et leur sacrifice, et pour leur souhaiter Joyeux Noël", a tweeté Sarah Sanders, porte-parole de la Maison Blanche, également du déplacement.
Donald Trump devait initialement rencontrer le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi, "mais une divergence de points de vue quant à l'organisation de la rencontre a conduit à la remplacer par une conversation téléphonique", au cours de laquelle les deux hommes ont notamment évoqué le dossier syrien, selon un communiqué du gouvernement irakien.
Selon Sarah Sanders, pour des raisons de sécurité les autorités irakiennes n'ont été prévenues que deux heures avant l'heure programmée par les Américains pour la rencontre. Or M. Mahdi était trop loin pour y participer.
Ce dernier, a poursuivi le communiqué irakien, "a invité le président américain à se rendre à Bagdad" et "M. Trump a également demandé au Premier ministre de venir à Washington", ce que ce dernier a accepté, a fait savoir la Maison Blanche.
La porte-parole de l'exécutif américain a fait savoir dans la soirée que le secrétaire d'État Mike Pompeo devait se rendre à Bagdad le 11 janvier.
Répondant à des journalistes pendant sa visite, Donald Trump a assuré qu'il ne prévoyait "pas du tout" de retirer les troupes américaines d'Irak, voyant "au contraire" la possibilité d'utiliser ce pays "comme une base si nous devions intervenir en Syrie".
"Si nous voyons l'EI (groupe Etat islamique, NDLR) faire quelque chose qui nous déplaît, nous pourrions les frapper si vite et si fort qu'ils ne réaliseraient même pas ce qui leur arrive", a-t-il précisé, sans exclure de "revenir aider" en Syrie "à un moment donné" si les circonstances le nécessitaient.
"Plongé dans le noir"
C'est la première fois depuis son élection en novembre 2016 que Donald Trump, souvent critiqué pour ne pas l'avoir fait plus tôt, va à la rencontre de militaires américains en zone de conflit.
Il a reconnu mercredi avoir eu des inquiétudes sur la sécurité de cette visite surprise, estimant qu'il était "assez triste" d'être contraint à autant de confidentialité.
"C'est sûr. Quand j'ai entendu tout ce par quoi il faut passer", a répondu le milliardaire lorsqu'un journaliste lui a demandé s'il avait eu des appréhensions avant ce déplacement. "Pas pour moi-même personnellement. J'avais des inquiétudes pour la Première dame, je peux le dire".
"Si vous aviez vu tout ce que nous avons dû subir, l'avion plongé dans le noir avec tous les hublots fermés et aucune lumière nulle part. Le noir complet", a-t-il ajouté.
M. Trump a par ailleurs effectué sur le chemin du retour une brève escale à la base aérienne de Ramstein, dans l'ouest de l'Allemagne, où il a rencontré les troupes américaines stationnées sur place. Il en a décollé vers 3h30 (2h30 GMT), direction Washington.
"Partager le fardeau"
En plus de l'opération de communication et des photos aux côtés de soldats en uniforme, M. Trump a défendu en Irak sa décision de retirer les troupes américaines de Syrie, arguant de nouveau que l'EI était "presque totalement vaincu".
"Nous sommes éparpillés à travers le monde. Nous sommes dans des pays dont la majorité des gens n'ont même pas entendu parler. Franchement, c'est ridicule", a-t-il lancé.
"En Syrie, (le président turc Recep Tayyip) Erdogan a dit qu'il voulait éliminer l'EI, ce qu'il en reste. Et l'Arabie saoudite vient de dire qu'elle allait payer pour du développement économique. Ce qui est formidable, ça veut dire que nous ne devrons pas payer", a-t-il poursuivi.
Cette visite, gardée secrète pour des raisons de sécurité, a eu lieu une semaine après l'annonce par M. Trump du retrait des troupes américaines de Syrie.
La décision avait provoqué un premier séisme: la démission du ministre de la Défense Jim Mattis, qui était en désaccord avec lui sur le dossier syrien.
Le président a aussi annoncé une réduction des troupes en Afghanistan, ce qui a suscité de nombreuses interrogations sur la nouvelle stratégie militaire et la politique étrangère menée par Washington.
Le départ de Jim Mattis a été suivi vendredi par celui de l'émissaire des États-Unis pour la coalition internationale antijihadistes, Brett McGurk. Selon plusieurs médias américains, il avait décidé de quitter son poste en février, mais a avancé cette échéance après les derniers rebondissements.
Ces décisions ont pris par surprise les alliés des États-Unis car le président tourne ainsi le dos à des décennies de doctrine d'intervention américaine au Moyen-Orient et en Afghanistan.