Yémen: Washington désigne les rebelles Houthis comme "terroristes"

Un combattant rebelle Houthi tire en l'air lors d'un rassemblement visant à mobiliser davantage de combattants pour le mouvement Houthi, à Sanaa, Yémen, le jeudi 1er août 2019.

Le gouvernement américain de Donald Trump a annoncé dimanche soir, à dix jours de la fin de son mandat, qu'il allait inscrire les rebelles Houthis du Yémen sur sa liste noire des groupes "terroristes". Les rebelles ont condamné cette appellation alors que les autorités s'en réjouissent.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a expliqué qu'il notifierait le Congrès de cette décision afin de renforcer la "dissuasion contre les activités néfastes du régime iranien", soutien du groupe rebelle yéménite face au gouvernement appuyé par une coalition menée par l'Arabie saoudite alliée de Washington.

Trois chefs des Houthis sont également inscrits sur liste noire, dont leur principal dirigeant Abdel Malek al-Houthi.

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Ces sanctions entreront en vigueur le 19 janvier, soit la veille de l'entrée en fonctions du président élu des Etats-Unis Joe Biden.

Elles visent à tenir les Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et la majorité du nord du Yémen, "pour responsables de leurs actes terroristes, notamment pour les attaques transfrontalières menaçant les populations civiles, les infrastructures et le transport maritime", a déclaré Mike Pompeo dans un communiqué publié dans la nuit.

L'annonce était attendue depuis l'élection présidentielle du 3 novembre aux Etats-Unis. Plusieurs organisations non gouvernementales et institutions internationales redoutaient que le président Trump, battu dans les urnes, ne cherche à frapper un grand coup diplomatique contre l'Iran, son ennemi juré au Moyen-Orient, avant l'arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden, qui souhaite renouer le dialogue avec Téhéran.

Selon ces organisations, cette décision risque de provoquer une paralysie de l'acheminement de l'aide humanitaire au Yémen. Avoir des contacts avec des responsables Houthis, gérer les impôts, utiliser le système bancaire, payer le personnel médical, acheter nourriture et pétrole... tout cela risque d'être entravé par une telle mesure américaine.

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Après plus de cinq ans de guerre, le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique où 80% de la population dépend désormais de l'aide internationale, est déjà en proie à ce que l'ONU a qualifié de pire crise humanitaire au monde.

Et il est maintenant "en danger imminent de la pire famine que le monde ait connue depuis des décennies", avait mis en garde fin novembre le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, exhortant Washington à "ne pas faire tanguer le bateau".

Ces appels n'auront donc été que très partiellement entendus par l'administration Trump, décidée jusqu'au bout à aller à l'encontre du consensus international et à jouer la carte unilatérale.

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"Les Etats-Unis reconnaissent qu'il existe des inquiétudes quant à l'impact que ces désignations auront sur la situation humanitaire au Yémen", a dit Mike Pompeo. "Nous prévoyons de mettre en place des mesures pour réduire leur impact sur certaines activités et importations humanitaires", a-t-il ajouté.

La portée des dérogations qui seront accordées en ce sens sera donc scrutée de près.

Présentant la stratégie de son gouvernement comme devant favoriser les efforts pour parvenir à une solution "pacifique", le secrétaire d'Etat sortant a assuré être prêt "à travailler avec les responsables des Nations unies et avec les organisations internationales et non gouvernementales" pour minimiser les conséquences sur la population.

Réaction des rebelles Houthis

Les rebelles Houthis au Yémen ont condamné lundi leur désignation comme groupe "terroriste" par l'administration américaine sortante du président Donald Trump et ont dit se réserver le droit d'y riposter.

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"Les Américains sont à l'origine du terrorisme. La politique et les actions de l'administration Trump sont du terrorisme aussi. Ses politiques reflètent une pensée en crise et sont condamnables et nous avons le droit d'y riposter", a déclaré sur Twitter un haut responsable des rebelles, Mohamed Ali al-Houthi.

Réactions du gouvernement yéménites

Le gouvernement yéménite, de son côté, s'est félicité lundi de la décision de l'administration américaine sortante de Donald Trump de classer les rebelles Houthis comme un groupe "terroriste".

"Les Houthis méritent d'être classés comme une organisation terroriste étrangère, non seulement pour leurs actes terroristes, mais aussi pour leurs efforts permanents pour prolonger le conflit", a déclaré le ministère des Affaires étrangères du Yémen dans un communiqué.

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