Will Smith boycotte la cérémonie des Oscars pour dénoncer l'absence de minorités

Jada Pinkett Smith, à gauche, et Will Smith arrivent à la 73e cérémonie annuelle des Golden Globes, le 10 janvier 2016.

L'acteur américain suit ainsi le mouvement lancé notamment par son épouse pour dénoncer l'absence de minorités parmi les finalistes à cette grand-messe du cinéma.

Pour la deuxième année de suite, aucune actrice ou acteur noir n'a été nommé aux Oscars, un manque de diversité qui a suscité une nouvelle polémique et devrait se trouver au centre des discussions lors d'une réunion du conseil d'administration de l'Académie des Oscars mardi.

Will Smith, vedette du récent "Seul contre tous" sur les commotions cérébrales chez les joueurs de football américain, qui n'a pas été retenu dans la course aux Oscars alors qu'il figurait parmi les favoris, a estimé sur la chaîne ABC: "Nous avons cette idée dans notre communauté: si nous ne faisons pas partie de la solution, nous faisons partie du problème".

A propos de sa femme Jada Pinkett-Smith, l'une des premières à être montée au créneau, il a ajouté qu'elle "a appelé à l'action" et "c'est à moi et à notre famille de faire partie de la solution", a-t-il ajouté.

Le réalisateur engagé Spike Lee, derrière la caméra de "Malcolm X" au début des années 1990, et son épouse brilleront aussi par leur absence à la cérémonie des Oscars.

Après avoir laissé entendre qu'il "réfléchissait" à un éventuel boycott de la soirée des Oscars le 28 février, l'acteur Mark Ruffalo, finaliste pour le prix du meilleur second rôle grâce à "Spotlight", a finalement déclaré sur Twitter qu'il y assisterait.

Il entend ainsi "soutenir les victimes des abus sexuels du Clergé et le bon journalisme", même s'il "soutient le mouvement de boycott des Oscars et l'argument que "les nominations ne reflètent pas la diversité de notre communauté".

Les acteurs et actrices nommés pour la cérémonie sont choisis par la branche des acteurs de la puissante Académie, qui compte au total plus de 6.000 membres, à très forte majorité des hommes blancs et âgés.

Cheryl Boone Isaacs, présidente de l'Académie des arts et sciences du cinéma, qui décerne les précieuses statuettes, a elle-même reconnu avoir "le coeur brisé et se sentir frustrée" par la lenteur des changements. L'acteur vedette George Clooney a évoqué une régression ces dix dernières années.

D'éventuelles propositions de réforme fusaient: Spike Lee parle de quotas, Tom O'Neil, patron du site de pronostics sur les prix du cinéma Goldderby.com, appelle à élargir à 9.000 personnes les membres de l'Académie.

D'après la revue Variety, celle-ci pourrait aussi étudier un changement des critères pour devenir membre ou des calculs complexes accompagnant les votes et qui pèsent fortement sur la sélection.

Beaucoup dans le secteur soulignaient que l'Académie n'était qu'une partie d'un problème.

Lupita Nyong'o, dernière actrice noire à avoir remporté un Oscar, pour "Twelve years a slave" il y a deux ans, a affirmé sur Instagram qu'elle "soutient ses pairs qui appellent au changement et à l'expansion du domaine des histoires racontées (par les films d'Hollywood) et à la reconnaissance des gens qui les racontent".

Dustin Hoffman a quant à lui estimé sur la chaîne BBC qu'il y a aux Etats-Unis "un racisme subliminal" et qu'il y a un plus gros problème que les nominations aux Oscars dans "les jeunes gens noirs qui sont tués dans nos rues par la police".

Avec AFP