Yaoundé risque de perdre l'argent du Fonds mondial

Le ministère de l’économie de la planification et de l’aménagement du territoire, à Yaoundé, Cameroun, le 29 juillet 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Le Fonds mondial pourrait réduire ou mettre un terme à ces financements au Cameroun. La raison : le non-versement, par la partie camerounaise, des sommes de cofinancement, soit 20% du montant total de chaque enveloppe reçue. La société civile s’inquiète.

Cette perspective de réduction ou de suppression des financements inquiète la société civile.

La lutte contre le vih sida, la tuberculose, et le paludisme sont les trois axes d’intervention du Fonds mondial concernées par une éventuelle suspension ou diminution des financements.

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Yaoundé risque de perdre l'argent du Fonds mondial


"Ce qui se profile, c’est un taux d’incidence par exemple du VIH plus élevé", prévient Serges Yotta, directeur exécutif de "Affirmative Action", un organisme de la société civile qui promeut les droits humains, et les droits en santé sexuelle.

Serges Yotta, à Yaoundé, Cameroun, le 29 juillet 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"On est passé d’une prévalence du sida de 4,3% à 3,8%. Donc d’ici 5 ans, on peut passer de 3,8% peut-être à 4,3%".

Depuis 2003, le gouvernement a signé 15 accords de subventions avec le Fonds mondial pour un montant de près de 198 milliards de francs CFA.

Pour la période 2018-2020, quatre nouveaux accords d’une enveloppe globale de 108 milliards de francs CFA ont été signés entre le Fonds Mondial et le pays.

Mais pour accéder à la totalité de ce dernier financement, l’organisme onusien, exige que le Cameroun se conforme à sa politique de subvention.

Le pays doit verser au plus tard cette fin juillet, un peu plus de 48 milliards de francs CFA, qui représentent les 20% de cofinancement du gouvernement.

"Des actions de plaidoyer ont été menées mais il s’avère que la réponse que nous avons obtenue d’avance est que le pays a plusieurs priorités", explique Louis Merlin Tsamo, secrétaire général du conseil d’associations Positive génération qui travaille dans le domaine de la santé.

"C’est vraiment dommage que la santé ne soit pas la priorité des priorités. Il faut que l’opinion publique camerounaise soit informée de la situation qui prévaut et des enjeux qui sont autour et qu’elle puisse se mobiliser de manière à mettre la pression au gouvernement".

A cause de la non disponibilité du cofinancement du Cameroun cette année, les populations des régions du Centre, de l’Est et du Nord-ouest, n’ont pas reçu des moustiquaires imprégnées d’insecticide.

La société civile sensible à tout vent désormais sur la situation avec le concours de ses partenaires internationaux.

Madeleine Mballa Ebengue, à Yaoundé, Cameroun, le 29 juillet 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"La recherche du financement ça fait partie de notre mandat. C’est la raison pour laquelle on a pris cette initiative de soutenir la société civile dans la recherche de financements complémentaires pour appuyer les efforts du Fonds mondial et du gouvernement du Cameroun dans la lutte contre les 3 pathologies que sont le VIH, la tuberculose et le paludisme", explique Madeleine Mballa Ebengue, Experte nationale chargée des questions du genre au Programme des Nations unies pour le développement.

Le 25 juillet dernier, "Affirmative Action" a mobilisé les organisations de la société civile et les médias locaux sur les enjeux des contreparties dans les subventions du Fonds mondial.

Une cinquantaine de personnes de la société civile et des médias locaux réunies à Yaoundé autour des enjeux du ci-financement dans la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, à Yaoundé, Cameroun, le 29 juillet 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Contacté par VOA Afrique, le ministère de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du territoire, département de tutelle en matière de coopération internationale, n’a pas expliqué pourquoi le Cameroun ne parvient plus à honorer ses engagements.

"C’est un sujet sensible", a commenté sous anonymat un cadre de ce ministère.

En rappel, le gouvernement s’est engagé en octobre 2017 à honorer son co- financement, mais sans suites. Pour la société civile, la santé de plus de 500.000 personnes vivant avec le VIH sida est en jeu.