Youssou Ndour, le "retour" du chanteur sénégalais

La star sénégalaise Youssou Ndour lors du 50e festival international de Carthage à Tunis, Tunisie, le 1 août 2014.

Après quelques années où il s'est principalement activé dans la politique et les affaires, la star sénégalaise Youssou Ndour célèbre son "retour" comme chanteur avec un nouvel album et une série de concerts la semaine prochaine à Paris.

Youssou Ndour retrouve avec ce nouveau disque "Africa Rekk", une inspiration qui l'avait un peu abandonné. Le précédent, "Dakar-Kingston", avec des reprises de classiques du reggae, avait laissé une impression mitigée.

A cette époque, en 2010, le "businessman", présent dans la production et les médias, avait pris le pas sur le musicien, et le "politique" allait bientôt prendre le relais avec des postes dans le gouvernement sénégalais.

"Je suis arrivé dans la politique d'abord par accident, lorsque je me suis engagé en 2011 contre le changement de la Constitution, comme une grande majorité des Sénégalais", se justifie-t-il.

A l'époque le président Abdoulaye Wade avait été soupçonné de préparer sa succession par son fils en tentant de changer la Constitution, mais avait dû renoncer à son projet.

Dans ce contexte, le chanteur populaire avait annoncé en février 2012 sa candidature à la présidence, finalement invalidée dans des circonstances controversés, puis soutenu la campagne de Macky Sall, l'actuel président qui lui a confié le portefeuille de la Culture puis du Tourisme.

Désormais ministre conseiller du président, il a pu prendre un peu de distance avec la politique et se concentrer à nouveau sur sa musique.

"Je pense que depuis +Egypt+ (en 2004), c'est l'album le plus abouti", estime l'enfant de la Medina, le quartier du coeur de Dakar où il a grandi, au sujet de son nouveau disque caractérisé selon lui par "la diversité".

"Afrika Rekk" montre toutes les facettes du talent et de la personnalité de Youssou Ndour: mbalax (musique populaire sénégalaise) ouvert à la pop internationale, mbalax plus traditionnel avec "Serin Fallu", pulsation reggae de "Conquer the World" pour un duo avec le rappeur américano-sénégalais Akon, art de la ballade avec "Oumar Foutiyou Tall"...

L'Afrique d'aujourd'hui

Deux chansons sont des tubes en puissance: "Be Careful", un mbalax sautillant aux accents latinos, avec un refrain entêtant et un mélange de wolof, de français et d'anglais, et "Ben La", rumba congolaise interprétée en duo avec Fally Ipupa, la nouvelle star kinoise.

"Afrika Rekk" ("L'Afrique seulement"), enregistré par son petit frère dans les studios que possède Youssou Ndour à Dakar, a aussi pour ambition de témoigner de l'Afrique contemporaine.

"Ce disque, c'est un voyage un peu partout en Afrique, des rencontres", raconte Youssou Ndour. "J'ai beaucoup collaboré avec le reste du monde, Peter Gabriel, Ryuichi Sakamoto, la musique anglo-saxonne. Je me suis dit que j'avais 'sauté' un peu le continent (africain) et j'y retourne".

"J'ai envie de dire aux gens d'ici (en Europe, ndlr): venez voir ce qui se passe à Dakar, Abidjan, Brazza", poursuit ce fils d'une mère griote et d'un père menuisier.

Youssou Ndour, 57 ans, musulman pratiquant, en profite aussi pour chanter l'espoir, la solidarité ou dénoncer la violence faite aux femmes. De bonnes vibrations qu'il va diffuser la semaine prochaine à la Philharmonie de Paris (mardi) puis dans l'emblématique salle de concert du Bataclan (les 18 et 19 novembre), frappée le 13 novembre 2015 par des jihadistes qui y ont fait 90 morts.

"C'était important d'être là pour que les victimes ne soient pas oubliées et je pense qu'avec la musique, je pourrai apporter cette vie dont a besoin Le Bataclan. La musique va pouvoir parler, mon discours, il est dans ma musique."

Avec AFP