Arrestation d'un opposant et d'un journaliste avant des manifestations au Zimbabwe

Jacob Ngarivhume, président du parti Transformer le Zimbabwe.

La police du Zimbabwe a arrêté lundi un responsable de l’opposition et un journaliste en amont de manifestations prévues le 31 juillet pour dénoncer la corruption au sein de l'Etat, a-t-on appris auprès de leurs avocats.

Jacob Ngarivhume, président d'un petit parti d'opposition, Transformer le Zimbabwe, et le journaliste Hopewell Chin'ono ont été interpellés séparément à leur domicile à Harare.

"Nous confirmons que Hopewell Chin'ono et Jacob Ngarivhume sont (...) au commissariat de police central d'Harare", a déclaré à l'AFP la directrice de l'association des Avocats zimbabwéens des droits humains, Rose Hanzi.

"Nous n'avons pas encore de précisions sur les charges qui pèsent sur eux", a-t-elle ajouté.

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Dans une vidéo tournée au domicile de Hopewell Chin'ono et diffusée sur les réseaux sociaux, son avocate Beatrice Mtetwa a expliqué avoir reçu "un SOS (disant) que sa maison avait été encerclée par environ huit membres de forces de l'ordre".

"Ils ont brisé la baie vitrée et sont entrés", a-t-elle affirmé dans cette vidéo, tournée devant la fenêtre cassée.

Ni la police ni le gouvernement n'a pour l'instant confirmé les deux arrestations.

L'ambassade des Etats-Unis à Harare s'est dite "très inquiète" du sort de Hopewell Chin'ono, un documentariste qui a travaillé pour plusieurs organisations de presse internationales.

Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa "a noté le rôle important que des journalistes d'investigation comme @daddyhope (Hopewell Chin’ono, NDLR) jouent pour dénoncer la corruption. L'intimidation politique de la presse n'a aucune place dans les démocraties", a estimé l'ambassade dans un tweet.

Jacob Ngarivhume, qui a été interpellé lundi, s'était présenté à l'élection présidentielle de 2018, remportée par le sortant Emmerson Mnangagwa.

L'opposition avait dénoncé un scrutin entaché de fraudes.

Jacob Ngarivhume a été arrêté alors qu'il avait appelé les Zimbabwéens à manifester le 31 juillet contre la corruption au sein de l'Etat et la détérioration de la situation économique.

Le Zimbabwe, pays d'Afrique australe, est englué depuis le début des années 2000 dans une grave crise économique et financière.

Après un relatif répit il y a une décennie, la situation a de nouveau empiré depuis deux ans, avec le retour des pénuries en tout genre (liquidités, carburants, denrées de base, électricité...), sur fond d'inflation galopante et de dépréciation du dollar zimbabwéen.

Début juillet, le ministre de la Santé, Obadiah Moyo, a été limogé après avoir été inculpé pour avoir, entre autres, accordé illégalement un contrat de tests de dépistage du coronavirus.