Au moins 12 personnes ont été tuées, dimanche 1er novembre à l’aube, dans l'attaque d'un grand hôtel de la capitale somalienne Mogadiscio par des islamistes shebab.
Un porte-parole du groupe terroriste, Abdulaziz Abu Musab, a déclaré en début de matinée dans un communiqué que "les combattants moudjahidines (avaient) pris le contrôle de l'hôtel Sahafi, où des apostats et des envahisseurs chrétiens résidaient" et menaient des opérations à l'intérieur.
Cet hôtel, situé près du carrefour K4, est fréquenté par des parlementaires, des fonctionnaires et des hommes d’affaires. Un journaliste figurerait parmi les personnes tuées, selon ses collègues, ainsi qu'un ancien chef d'état-major de l'armée somalienne.
Explosions, échanges de coups de feu
"Nous avons des informations faisant état de 12 morts", a déclaré un responsable de la police, Abdulrahid Dahir. "Les agresseurs ont fait exploser une voiture piégée pour ouvrir un passage avant d'entrer à l'intérieur de l'hôtel."
Des témoins ont rapporté avoir vu plusieurs corps de personnes tuées dans cette explosion initiale, quand un minibus rempli d'explosifs aurait été lancé sur le portail de l'hôtel. Une seconde forte explosion a été entendue.
Les shebab se sont ensuite précipités à l'intérieur. Des témoins ont fait état d'intenses échanges de coup de feu et d'autres déflagrations.
En fin de matinée, l'Agence nationale somalienne de renseignements a déclaré que l'attaque était terminée, et l’hôtel "complètement sécurisé", ce qu’a confirmé a force militaire de l'Union africaine en Somalie (Amisom), qui combat les shebab aux côtés du gouvernement. Les forces de sécurité continuaient toutefois à fouiller le bâtiment et les shebab affirmaient avoir encore des combattants à l’intérieur.
Un hôtel fortifié
Comme d'autres établissements internationaux de Mogadiscio, le Sahafi est fortifié. C'est dans cet hôtel que deux agents des services de renseignement français avaient été enlevés en 2009. L'un avait ensuite réussi à s'échapper, mais l'autre avait été tué par les shebab lors d'une opération destinée à le libérer en 2013.
L'envoyé spécial de l'ONU en Somalie, Nick Kay, a condamné une "attaque sanglante", qui met selon lui en évidence la nécessité d'aider les forces de sécurité somaliennes à prévenir de telles attaques.
Les shebab, chassés de Mogadiscio en 2011, luttent pour renverser le gouvernement somalien soutenu par la communauté internationale. Ils ont déjà mené par le passé plusieurs attaques contre des hôtels de la capitale.
Cette semaine, le président somalien Hassan Sheikh Mohamud a demandé aux shebab de se rendre, alors que des informations ont circulé sur un changement d'allégeance de certaines factions, qui auraient quitté Al-Qaïda et seraient désormais affiliées au groupe Etat islamique (EI).
M. Mohamud a estimé que ces divisions étaient "symptomatiques d'un groupe en pleine perdition" et a prévenu que les Somaliens "n'avaient pas besoin d'une nouvelle manière de répandre l'horreur et la répression".
Avec AFP