"L'aggravation de la pauvreté a uni les Zimbabwéens dans leur colère", a indiqué Jestina Mukoko à l'AFP, en marge du lancement du congrès de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) à Johannesburg, en Afrique du Sud.
"Par le passé, la colère était disparate: des journalistes, des fermiers blancs, des syndicalistes protestaient chacun de leur côté, à différents moments", a-t-elle expliqué.
Jestina Mukoko qui est à la tête d'une ONG de lutte pour les droits de l'homme intitulée "Zimbabwe Peace Project" a été arrêtée et torturée par le régime zimbabwéen en 2008.
Depuis le mois de juin, le Zimbabwe connaît une série de manifestations contre la politique économique du président Robert Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1980.
Ces manifestations sont régulièrement dispersées par la police, à coups de matraques ou de grenades lacrymogènes.
Début août, Robert Mugabe avait prévenu que les manifestations contre lui étaient "inutiles" car elles s'achevaient "dans la violence".
"Nous voyons des citoyens qui n'ont pas peur d'aller dans la rue, nous n'avions pas vu ça depuis longtemps", a noté Jestina Mukoko.
"Le but de ces protestations est de montrer que les citoyens utilisent leurs droits constitutionnels pour demander des comptes et des réponses à leurs demandes", a-t-elle ajouté.
Une mesure cristallise notamment la colère des Zimbabwéens: l'introduction de "billets d'obligation", une devise à parité avec le dollar américain qui fait craindre un retour de l'hyperinflation.
Le Zimbabwe est traumatisé par l'inflation délirante qu'il avait connu en 2008-2009, de l'ordre de plusieurs milliards de pour cent, qui avait poussé le pays à abandonner sa devise nationale.
Les manifestants protestent également plus généralement contre la corruption du régime et la pauvreté importante dans ce pays d'Afrique australe.
"Les Zimbabwéens disent qu'ils en ont assez. On ne veut pas de ces billets d'obligation et on veut que le gouvernement nous écoute quand on parle de la pauvreté grandissante que chaque Zimbabwéen vit en ce moment", a affirmé la militante.
Avec AFP