Un déplacement dans le sud de la France, à Nîmes, est prévu jeudi avant un "rassemblement de soutien" dimanche à Paris.
Sur le front judiciaire, le candidat du parti Les Républicains (LR) triomphalement désigné en novembre lors d'une primaire de la droite, a annoncé mercredi sa convocation le 15 mars, avec possible inculpation, chez les juges chargés d'enquêter sur les possibles emplois fictifs de plusieurs de ses proches.
Au départ grand favori pour succéder en mai au président socialiste François Hollande, le candidat conservateur de 62 ans est en difficulté depuis que la presse a révélé fin janvier qu'il avait embauché comme assistants parlementaires sa femme et ses enfants, soupçonnés de ne pas avoir fourni un réel travail.
Une rocambolesque journée
Sur le plan politique, la droite ressort ébranlée au terme d'une rocambolesque journée: élus et membres de l'équipe de campagne apprenant ébahis, au Salon de l'Agriculture à Paris, le report de la visite de leur candidat; solitude des dirigeants LR pris de court en direct sur les antennes et suspension dans l'après-midi du "soutien" du parti de centre-droit UDI.
Les défections ont également débuté au sein de son propre parti. L'ancien ministre Bruno Le Maire a ouvert le bal, suivi par plusieurs députés.
M. Fillon s'est entretenu mercredi matin au téléphone avec l'ancien Premier ministre Alain Juppé et avec l'ancien président Nicolas Sarkozy (2007-2012), tous deux battus lors des primaires.
Un député de droite envisage même de demander au Conseil constitutionnel un report de l'élection: M. Fillon sera confronté aux juges le 15 mars, soit deux jours avant la date limite du dépôt des 500 parrainages requis pour les candidats, qu'il a déjà.
D'ici là, l'ancien Premier ministre risque de devoir se justifier à nouveau du maintien de sa candidature, après avoir promis le 26 janvier sur la chaîne TF1 de se retirer en cas de "mise en examen" (inculpation).
Selon un sondage réalisé après sa déclaration et publié jeudi, seul un Français sur quatre (25%) souhaite que M. Fillon continue le combat, soit une nette baisse par rapport à début février. Surtout, il perd beaucoup de terrain chez les sympathisants LR, qui ne sont plus que 53% (-14) à vouloir qu'il se maintienne.
M. Fillon avait certes déjà infléchi sa ligne en annonçant mi-février s'en remettre "au seul suffrage universel". Une position martelée mercredi, face à l'"assassinat politique" dont il se dit victime, une idée avec laquelle 38% des Français se disent d'accord.
Ne pas 'abandonner une course'
"Par ce déchaînement disproportionné, sans précédent connu, par le choix d'un calendrier, ça n'est pas seulement moi qu'on assassine, c'est l'élection présidentielle", a-t-il encore dénoncé, s'attirant les foudres de ses concurrents et des associations de magistrats également aux prises avec le parti d'extrême droite Front national dans cette campagne.
Il se "tiendra" à sa décision d'aller jusqu'au bout car "abandonner une course, pour un pilote, ce n'est pas naturel", déclare ce passionné de course automobile dans un entretien jeudi à un quotidien régional.
Après avoir finalement arpenté mercredi après-midi les allées du Salon de l'Agriculture, M. Fillon poursuit jeudi sa campagne dans le Gard, département du sud où le FN a recueilli 42,62% des suffrages au second tour des élections régionales en 2015.
Les soutiens du candidat, bien que sonnés pour certains, s'organisent. Son conseiller spécial Jérôme Chartier a annoncé la tenue d'un rassemblement de soutien dimanche après-midi place du Trocadéro à Paris, dans le très chic XVIe arrondissement, là même où Nicolas Sarkozy avait tenu un meeting d'entre-deux tours avant sa défaite face au socialiste François Hollande en 2012.
Ce feuilleton judiciaire profite à ses principaux rivaux, la patronne de l'extrême droite Marine Le Pen et l'ancien ministre de l'Economie de M. Hollande, Emmanuel Macron, repositionné au centre. Tous deux apparaissent désormais comme les mieux placés pour le second tour, le 7 mai, selon les derniers sondages.
Avec AFP