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Après les Oscars, la saga de la diversité à Hollywood continue


Le réalisateur de Moonlight, Barry Jenkins, New York, le 4 janvier 2017. (REUTERS/Stephanie Keith)
Le réalisateur de Moonlight, Barry Jenkins, New York, le 4 janvier 2017. (REUTERS/Stephanie Keith)

Le triomphe d'artistes Noirs aux Oscars marque une victoire pour la diversité mais la bataille est loin d'être terminée à Hollywood où minorités et femmes restent largement sous-représentées à l'écran et aux postes de pouvoir.

Après deux années où l'Académie qui remet les Oscars avait été vilipendée pour n'avoir nommé que des acteurs blancs, "Moonlight", écrit et tourné par un réalisateur noir avec des acteurs noirs, a été sacré meilleur film.

Deux acteurs et un réalisateur de documentaires africains-américains ont également été primés, soit un nombre historique de statuettes en une seule soirée.

Sous la pression, l'Académie a engagé ces dernières années des réformes pour élargir ses rangs et ses membres sont aussi peut-être devenus "plus conscients" d'un possible biais, remarque Darnell Hunt, professeur à UCLA à la tête d'un rapport sur la diversité à Hollywood.

"Cela ne veut toutefois pas dire que l'industrie a changé. On ne voit pas plus de films tournés avec des artistes issus de la diversité et les studios restent aux mains d'hommes blancs", ajoute-t-il.

- Exclusion préoccupante -

La dernière édition de cette étude, parue le mois dernier, constate que "l'exclusion des personnes de couleur et des femmes à Hollywood reste préoccupante".

Les minorités représentent 40% de la population américaine mais seulement 13,6% des acteurs et 10% des réalisateurs au cinéma. La télévision fait un peu mieux.

Si les Africains-Américains sont peu représentés, les Hispaniques, Asiatiques et Amérindiens le sont encore moins. Quant aux acteurs originaires du Moyen-Orient, ils sont souvent cantonnés aux rôles de terroristes.

La discrimination des femmes est une autre question brûlante: elles n'obtiennent que 29% des rôles principaux et surtout, ne mettent en scène que 7,7% des films d'après le rapport de UCLA.

L'origine du problème vient du manque de diversité des dirigeants de studios et des agences artistiques, qui décident quels films seront tournés avec quelles stars.

"Si vous n'avez que quelques hommes blancs qui décident de quels projets sont tournés", souligne Darnell Hunt, ils tendent à choisir toujours ce qui leur plaît à eux: beaucoup de films d'action, de science-fiction et de super-héros, peu de "La La Land", de "Moonlight" ou "Manchester by the Sea", qui restent financés en dehors des studios pour des budgets bien plus modestes.

Il y a quelques timides pas en avant: Ryan Coogler, 30 ans et remarqué pour "Creed: l'héritage de Rocky Balboa", tourne actuellement "Black Panther", une grosse production de Disney/Marvel sur un super-héro noir.

Ava DuVernay, nommée aux Oscars pour son documentaire "The 13th" et acclamée pour "Selma", est la première Africaine-Américaine à mettre en scène un film au budget de plus de 100 millions de dollars: "A wrinkle in time", également pour Disney.

Une cinquantaine de décideurs d'Hollywood ont aussi lancé ReFrame, initiative destinée à "créer un plan d'action pour améliorer la parité hommes-femmes".

Mais les dirigeants des studios sont-ils prêts à laisser leur siège au nom de la diversité? "La question n'est pas forcément de laisser son siège mais d'inviter plus de gens autour de la table", estime Keri Putnam, directrice du Sundance Institute, qui organise le festival du film indépendant éponyme.

- Baton, carotte, gros sous -

Moins optimiste, Josh Welsh estime qu'il faudra probablement des incitations et peut-être des menaces pour obtenir un changement structurel durable.

Certains Etats américains comme l'Illinois assortissent leurs rabais fiscaux pour attirer les tournages chez eux à des impératifs de diversité, fait-il valoir, ajoutant qu'il faudra peut-être faire appel à l'EEOC, la Commission américaine sur l'égalité dans l'accès à l'embauche, pour obtenir les changements nécessaires.

Deadline.com, site d'informations sur le secteur du divertissement, écrivait il y a quelques jours que l'EEOC négocie actuellement avec les principaux studios pour trouver des solutions, sous peine de poursuites.

"Il y a aussi beaucoup d'hommes d'affaires qui savent qu'il en va de leur propre succès de diversifier les histoires" et le profil des stars à l'écran, dans une industrie où les grosses machines hollywoodiennes ont besoin d'un public mondial pour être rentabilisées, note aussi Keri Putnam.

Avec pour preuve le carton au box-office de sagas aux castings multi-ethniques comme "Fast & Furious 7", "Star Wars" ou "Jurassic World".

Avec AFP

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