Maria et Consolata Mwakikuti, 20 ans, jointes au niveau de l'abdomen, ont fait les gros titres de la presse tanzanienne ces dernières semaines, et étaient apparues souriantes sur les chaînes de télévision après l'annonce en juillet de leur réussite à l'examen de fin d'études secondaires.
Abandonnées par leur mère après la mort de leur père, puis recueillies par des religieuses, elles sont désormais inscrites à l'université catholique Ruaha d'Iringa, dans le centre du pays, pour suivre le cursus des "Arts de l'Education" en vue de devenir professeurs d'histoire, d'anglais et de swahili.
Maria et Consolata sont arrivées le 13 septembre sur le campus, soit plus d'un mois avant le début de l'année académique, fin octobre, afin de suivre notamment un cours de mise à niveau en informatique et se familiariser avec leur nouveau lieu de vie.
"Une maison séparée a été mise à leur disposition, meublée et aménagée selon leurs besoins, car elles ne peuvent pas être logées dans des logements ordinaires d'étudiants", a expliqué à l'AFP Mwazarau Mathola, chargée des relations publiques de l'université, précisant qu'une femme de ménage a été affectée à leur service.
Un divan adapté à leur besoins a par ailleurs été installé dans leur salle de classe.
S'exprimant en juillet sur la chaîne de télévision gouvernementale TBC, Maria avait lancé un appel empli d'émotion dans un pays où les enfants handicapés sont marginalisés ou abandonnés à la naissance. "Les parents qui cachent ou enferment leurs enfants handicapés devraient avoir peur de Dieu", avait-elle soutenu.
"Qu'ils sachent que les êtres humains, handicapés ou non, sont égaux et ont les mêmes droits", avait-elle ajouté.
Les deux femmes, ferventes catholiques et amatrices de tricotage, avaient remercié leurs enseignants et le gouvernement pour l'aide fournie dans la réussite de leurs études secondaires, notamment la mise à disposition d'un véhicule pour effectuer les déplacements de quelques centaines de mètres entre leur domicile et leur école secondaire à Udzungwa.
"Nous ne nous attendions pas à voir ce jour, c'est par la grâce de Dieu que nous y sommes aujourd'hui et grâce aux prières des gens", avait confié Consolata, plus loquace que sa soeur.
Les deux soeurs, qui aiment cuisiner ensemble, admettent ne pas toujours être d'accord, "lorsque, par exemple, je veux lessiver quelque chose alors que Maria veut plutôt lire", avait confié Consolata en mai 2015 au quotidien Mwananchi.
"Mais nous arrivons toujours à régler cela, nous décidons de ce qui doit être fait en fonction du moment".
Avec AFP