M. Magufuli a engagé un bras de fer avec les grandes sociétés minières étrangères opérant en Tanzanie, accusées d'avoir sous-évalué leur production d'or, de diamant et de tanzanite, notamment, entraînant un manque à gagner pour le pays de plusieurs dizaines de milliards de dollars en impôts et redevances depuis 1998, selon les autorités tanzaniennes.
Un rapport parlementaire publié début septembre assure que l'extraction de la tanzanite profite essentiellement aux exploitants et aux trafiquants, une situation attribuée à la corruption dans le secteur et à des contrats défavorables.
La tanzanite, surtout exportée vers l'Inde, est exploitée dans les montagnes de Mererani, dans le nord de la Tanzanie, à proximité du Mont Kilimandjaro.
S'exprimant mercredi depuis la région de Mererani, M. Magufuli a demandé à l'armée de "commencer à ériger un mur autour de toute cette zone" minière, en insistant pour que "ce travail se fasse rapidement", mais sans préciser la nature exacte de l'ouvrage.
"Des caméras de surveillance seront installées et il y aura une seule entrée. Même si vous avalez de la tanzanite, elle sera détectée", a-t-il ajouté, semblant faire référence à des cas d'exportation illégale de tanzanite sortie clandestinement par des mineurs.
M. Magufuli souhaite également imposer que la vente de tanzanite par les grossistes se déroule à Mererani sous le contrôle de la Banque centrale tanzanienne, alors qu'elle se déroule actuellement surtout à Arusha, non loin de Mererani, et à Nairobi, au Kenya.
"Ce pays est riche en ressources naturelles (...), mais est-ce que nous en profitons?", a interrogé le chef de l'Etat. "Le vol de tanzanite est incommensurable. Cela dure depuis des années. Il faut que ça finisse."
Surnommé "Tingatinga" (bulldozer en swahili), le président Magufuli a marqué les esprits depuis sa prise de fonctions fin 2015 en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption.
Mais le style peu consensuel et abrupt de M. Magufuli lui vaut aussi d'être qualifié d'autocrate et de populiste par ses détracteurs, alors que la liberté d'expression est de plus en plus réduite dans le pays.
Le 10 septembre, le gouvernement tanzanien a annoncé la "nationalisation" de diamants d'une valeur estimée à 29,5 millions de dollars après avoir accusé la compagnie britannique Petra Diamonds, propriétaire de la mine, d'en avoir sous-évalué la valeur.
Avec AFP