Ce "comité laïc de coordination" appelle de nouveau les Congolais à marcher après la messe "avec nos rameaux de paix, nos bibles, nos chapelets, nos crucifix, pour sauver le Congo", malgré l'interdiction décrétée par le vice-gouverneur de Kinshasa.
Les initiateurs de la contestation affirment avoir quitté leur domicile et se cacher dans la capitale depuis le 28 décembre, trois jours avant leur première marche.
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La dispersion de cette manifestation du 31 décembre dernier, elle aussi interdite, a fait six morts à Kinshasa selon les Nations unies et la nonciature apostolique, aucun en lien avec les événements, d'après les autorités.
"Ils sont rentrés dans les églises, ils ont profané des églises, c'était inimaginable", s'indigne la porte-parole du groupe, Leonnie Kandolo, qui affirme qu'un corps parmi les six victimes n'a pas été rendu à la famille.
Cette femme élégante d'une cinquantaine d'années, qui se présente comme une chef d'entreprise diplômée en gestion de Bruxelles et engagée dans la lutte contre le sida, affirme être sous le coup d'un mandat d'arrêt avec ses camarades.
- 'Braver la peur' -
Des mandats d'amener ont été émis contre cinq membres du comité, a affirmé à l'AFP un magistrat du parquet après l'entretien avec la porte-parole et deux autres membres du groupe quelque part dans la capitale.
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"On a peur. Je suis comme tout le monde, j'ai peur. Je suis terrorisée pour mes enfants, qui sont seuls depuis le 28 décembre", avoue Mme Kandolo, rencontrée par l'AFP quelque part à Kinshasa.
"Il faut braver la peur", ajoute la porte-parole qui se présente comme une "femme de caractère".
Les membres du collectif s'organisent.
"Le premier noyau comprend huit personnes. Les autres, on ne les montre pas. Comme il y a des mandats d'arrêt contre nous, si nous on tombe, il faut que les autres puissent prendre le relais sans être arrêtés", dit-elle.
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Le "comité laïc de coordination" a surgi dans la crise politique congolaise le 2 décembre pour relayer un appel de l'épiscopat du 23 juin 2017 intitulé "le pays va très mal, debout Congolais!".
Leurs revendications: libération des prisonniers politiques, retour des opposants en exil et, surtout, inviter le président Kabila à déclarer qu'il ne briguera pas un troisième mandat conformément à la Constitution de 2006.
Bref, pour la plupart des mesures de "décrispation politique" prévues dans l'accord majorité-opposition de la Saint-Sylvestre 2016 parrainé par l'épiscopat, qui prévoyait des élections fin 2017.
La commission électorale a annoncé le 5 novembre 2017, qu'elle renvoyait les élections au 23 décembre 2018. Le deuxième et dernier mandat du président Kabila a pris fin le 20 décembre 2016 d'après l'actuelle Constitution.
- 'Mobutu, Kabila, même chose' -
"Certains de nous se sont mis en contact avec le cardinal (Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa, ndlr). On a obtenu une reconnaissance par un acte canonique", poursuit la porte-parole du collectif.
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Discret avant la marche du 31 décembre, le cardinal Monsengwo, proche du pape François, a dénoncé par la suite la "barbarie" de la répression et souhaité que "les médiocres dégagent", s'attirant ouvertement les foudres des pro-Kabila.
Les revendications sociales aussi affleurent dans le discours des protestataires.
"Les gens vivent dans des conditions inhumaines, inacceptable", dit la porte-parole qui dénonce le manque d'eau, d'électricité, les enfants privés d'école, les Congolais qui "mangent une fois par jour ou une fois tous les deux jours".
D'après leur CV, les huit sont principalement professeurs d'université, tous militants chevronnés, pour certains des anciens de la lutte contre la dictature du maréchal Mobutu Sese Seko (1965-1997).
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C'est le cas du dramaturge et professeur de littérature anglo-américaine Thierry Nlandu, déjà en activité à l'époque de la marche catholique de février 1992 dont la répression avait fait plusieurs dizaines de morts.
"Affronter la dictature de Mobutu comme affronter la dictature de Kabila, c'est pratiquement la même chose. Ce sont deux régimes qui se manifestent par des violences atroces envers la population et qui ont appauvri le pays. La seule différence avec le régime Kabila, c'est qu'on a réussi à créer une illusion de démocratie", estime-t-il.
Avec AFP