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La crise scolaire se poursuit au Sénégal


La marche nationale des enseignants à Ziguinchor au Sénégal, le 12 avril 2018. (VOA/Seydina Aba Gueye)
La marche nationale des enseignants à Ziguinchor au Sénégal, le 12 avril 2018. (VOA/Seydina Aba Gueye)

Au Sénégal, les cours dans les établissements scolaires publics sont perturbés depuis plusieurs mois par les grèves des enseignants. La récente intervention du Président de la République n’a pas porté ses fruits malgré les augmentations promises aux enseignants à partir du mois d’octobre prochain.

Les parents d’élèves ne s’en cache plus, la situation de l’école publique est de plus en plus inquiétante et les enfants en sont les principales victimes. La fédération nationale des parents d’élèves du Sénégal fait part de son impuissance à travers son secrétaire général Dame Seck.

Reportage de Seydina Aba Gueye, correspondant à Dakar pour VOA Afrique
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"C’est une situation d’inquiétude et de désarroi total que nous sommes en train de vivre et d’insécurité aussi pour nos enfants qui, après les grèves, doivent rentrer tout seul ou trainer dans la rue. C’est une situation catastrophique que nous déplorons beaucoup. Nous avons tenté beaucoup de choses pour asseoir un climat apaisé au sein de l’espace scolaire et universitaire mais les enseignants persistent", explique le syndicaliste à VOA Afrique

Dame Seck, secrétaire-général de la Fédération nationale des associations de parents d'élèves à Dakar, le 12 avril 2018. (VOA/Seydina Aba Gueye)
Dame Seck, secrétaire-général de la Fédération nationale des associations de parents d'élèves à Dakar, le 12 avril 2018. (VOA/Seydina Aba Gueye)

Le principal point d’achoppement des négociations demeure l’indemnité de logement alloué aux enseignants.

Ces derniers la jugent trop faible par rapport aux autres corps de la fonction publique.

Au-delà de cette revendication, les syndicalistes exigent le respect des accords signés en 2014 comme l’indique Saourou Sene, secrétaire général du SAEMSS, le syndicat majoritaire dans l’enseignement.​

>> Lire aussi : Le combat sans fin pour arracher les enfants du Sénégal à la mendicité

"Nous avions accepté de rediscuter tout. De 2012 à 2014 nous étions dans les discussions. Ce n’est qu’à l’issue de ces discussions que le gouvernement a reconnu et dit clairement qu’il venait de signer des accords réalistes et réalisables. C’était le 14 février. 2014. Depuis, soit quatre ans après, rien de concret n’a été fait par rapport à nos préoccupations", se plaint-il.

Saourou Sene (au centre) lors de la marche nationale des enseignants à Ziguinchor, le 12 avril 2018. (VOA/Seydina Aba Gueye)
Saourou Sene (au centre) lors de la marche nationale des enseignants à Ziguinchor, le 12 avril 2018. (VOA/Seydina Aba Gueye)

Les enseignants disent ne plus se fier aux promesses de l’Etat, ils veulent des actes concrets avant de lever leur mot d’ordre de grève.

Pour rétablir un climat de confiance et sauver l’école publique sénégalaise d’un naufrage, le gouvernement doit respecter ses engagements comme l’affirme Cheikh Mbow, coordonnateur de la coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique.

"La crise actuelle est fondé sur la base d’un non-respect des accords qui étaient pourtant qualifiés de réalistes et réalisables par le gouvernement. Et sur le principe, nous continuons à penser que c’est au gouvernement de respecter les accords qu’ils signent avec les parties prenantes en apprenant du passé. Il y a un problème d’équité qui est posé dans le traitement des fonctionnaires de manière générale. Donc, il faudrait que l’on puisse régler ce problème d’équité d’une manière courageuse en discutant de façon participative sur les conclusions et les recommandations du rapport sur le système de rémunération."

Au-delà du respect des accords, le système éducatif sénégalais doit faire sa mue pour retrouver le niveau qui est le sien. Kalidou Diallo, ancien ministre de l’éducation et syndicaliste depuis 42 ans juge qu’il faudrait des efforts de part et d’autre pour que la situation redevenir normale.

>> Lire aussi : Polémique au Sénégal après le décès d’une jeune fille faute de soins aux urgences

Kalidou Diallo, ancien Ministre de l'éducation nationale à Dakar, le 12 avril 2018. (VOA/Seydina Aba Gueye)
Kalidou Diallo, ancien Ministre de l'éducation nationale à Dakar, le 12 avril 2018. (VOA/Seydina Aba Gueye)

"Le quantum horaire de 900 heures annuel n’a jamais été atteint. Il varie toujours entre 500 et 600 heures par an. Donc on peut dire que l’enjeu principal pour le système éducatif sénégalais est la qualité. Il faut que l’Etat s’engage et, bien sûr, respecte ses engagements. Et que le syndicalisme enseignant dans l’espace francophone, plus particulièrement au Sénégal, qui est très divisé ; il faut que ce syndicalisme fasse un regard vers le système anglophone qui est très unitaire et qui n’est pas gréviste. "

Les crises structurelles de l’école publique sénégalaise semblent atteindre un point de non-retour. Malgré plusieurs tentatives d’apaisement du système éducatif, la situation est plus que jamais tendue. Les enseignants exigent une revalorisation de leurs conditions socio-professionnelles et le respect des engagements pris par l’Etat du Sénégal en 2014.

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