Ce surnom lui colle à la peau depuis qu'il est accusé d'avoir recruté des enfants soldats et d'avoir commandité des meurtres, pillages et viols commis par ses troupes en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).
Après deux jours de plaidoiries finales, l’avocat de Ntaganda a pris la parole mercredi lors de la dernière phase du procès de son client, qui doit répondre de 13 crimes de guerre et de cinq crimes contre l'humanité, pour lesquels il a plaidé non coupable.
La réputation sanglante de Ntaganda n'est basée que sur des rumeurs infondées propagées sur le web, a affirmé le Canadien Stéphane Bourgon, ajoutant que la défense présenterait des arguments "basés sur les preuves et non sur Internet".
"La réputation de Ntaganda sur Internet est fausse", a-t-il affirmé devant les juges. "Nous avons entendu que Bosco Ntaganda était surnommé le Terminator parce qu’il était un tueur violent notoire. C'est complètement faux", a insisté la défense.
Enfants soldats
L'ex-rebelle "était directement impliqué dans le recrutement de milliers d'enfants" qu'il a par la suite "utilisés pour participer, sous l'emprise de substances illicites et d'alcool" à des opérations visant "à tuer, violer et piller l'ennemi", avait déclaré plus tôt dans la matinée la représentante de 298 victimes, Sarah Pellet.
A l'accusation que Ntaganda lui-même avait fait référence aux "enfants" parmi ses troupes, la défense a répondu qu'aux yeux de l'ex-rebelle, "l'armée était une famille" et qu'un commandant militaire prend toujours soin de ses "enfants".
Lors de l'ouverture des déclarations finales mardi devant la CPI qui siège à La Haye, où l'ex-chef de guerre est détenu, l'accusation avait dressé un tableau épouvantable des exactions présumées commises sous les ordres de Ntaganda.
L'ex-rebelle a joué un rôle central dans la planification des opérations de l'Union des patriotes congolais et de son bras armé, les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), selon l'accusation.
Le chef de guerre, aujourd'hui âgé de 44 ans, aurait donné les ordres, planifié et programmé les opérations, coordonné la logistique et fourni les armes à ses troupes.
Plus de 15 ans après les faits, commis au cours d'un conflit qui a fait plus de 60.000 morts selon les ONG, les victimes attendent toujours que "justice soit rendue".
"Il est temps pour les victimes de mettre le passé derrière elles et d'avancer et construire un avenir", a déclaré Sarah Pellet.
Il est prévu selon son avocat que Bosco Ntaganda saisisse sa dernière chance de s'exprimer avant la fin des plaidoiries finales jeudi, après quoi les victimes devront encore se montrer patientes: les juges de la CPI pourraient ne pas rendre leur verdict avant des mois, voire des années.
Avec AFP