Les représentants de certains partis traditionnels peinent à décoller dans les sondages, mais espèrent inverser la vapeur grâce à un temps de parole plus élevé, attribué selon le poids des coalitions à la Chambre des députés.
La campagne bat déjà son plein sur les réseaux sociaux, mais le petit écran reste un média de première importance pour séduire les électeurs, dans un pays où un tiers de la population n'a pas accès à internet.
Pour 62% des Brésiliens, la télévision reste la première source d'information sur les élections.
Domingo Souza, électricien de 51 ans vivant à Aguas Lindas, à 50 km de la capitale Brasilia, avoue qu'il ne connaît pas encore les candidats qui se présentent pour le scrutin du 7 octobre.
"Je vais attendre les spots télévisés pour prendre ma décision", explique-t-il.
Le nombre d'indécis s'explique en partie par les incertitudes sur le sort de l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), en prison depuis avril pour corruption.
Malgré son incarcération, l'ancien ouvrier caracole en tête des enquêtes d'opinion, même si sa candidature court de forts risques d'être invalidée.
Le dernier sondage Datafolha a recensé 28% d'indécis dans un scénario sans Lula, mais cette proportion chute de moitié quand son nom figure parmi les candidats.
- Alliances controversées -
Les 13 présidentiables se répartissent 25 minutes de temps d'antenne, dans des plages gratuites diffusées sur deux tranches de 12,5 minutes le midi et le soir, trois fois par semaine, jusqu'au 4 octobre.
Ces précieuses secondes sont attribuées par le Tribunal Supérieur Électoral (TSE) en fonction du poids des partis des candidats à la Chambre des députés, certains ayant noué des alliances avec d'autres formations afin de disposer de plus de temps d'antenne.
Le journal O Globo a rappelé récemment que le candidat disposant du plus grand temps de parole l'avait emporté lors de quatre des six derniers scrutins.
"Ces spots sont encore le principal vecteur de la campagne électorale. Les candidats qui ont le plus de temps d'antenne disposeront d'un avantage important", explique à l'AFP Michael Mohallem, analyste politique de la Fondation Getulio Vargas.
L'ex-gouverneur de Sao Paulo Geraldo Alckmin, du PSDB (centre droit), parti traditionnellement associé à l'establishment, occupe seulement la quatrième position des sondages dans un scénario sans Lula.
Mais son alliance avec de nombreux partis du centre lui a permis de rafler 44% du temps d'antenne, soit 5,32 minutes par tranche horaire. Mais il a été accusé par ses critiques de s'allier à des partis qui trempent dans des affaires de corruption.
Lula dispose pour sa part de 2,23 minutes, mais le TSE pourrait juger dès vendredi un recours qui, s'il était accepté, l'empêcherait de participer à ces spots de campagne.
Dans ce cas, son temps de parole serait probablement attribué à Fernando Haddad, actuellement sur son ticket en tant que candidat à la vice-présidence, pressenti comme le Plan B du Parti des Travailleurs (PT).
- Réseaux sociaux -
En tête des intentions de vote dans un scénario sans Lula, le député d'extrême droite Jair Bolsonaro est crédité de seulement huit petites secondes de temps d'antenne, mais il mise tout sur les réseaux sociaux.
Dans ce domaine, sa force de frappe est largement supérieure à celle des autres candidats, avec 8,5 millions d'abonnés cumulés sur Facebook, Twitter et Instagram.
Un atout considérable dans un pays qui compte plus de 100 millions d'utilisateurs des réseaux sociaux, au point d'être considéré comme un des principaux marchés de Facebook.
Lula arrive en deuxième position de ce classement, avec 4,5 millions d'abonnés, contre 4,3 millions pour l'écologiste Marina Silva, qui dispose de tout juste 21 secondes de temps de parole dans les spots télévisés. Alckmin est quatrième, avec environ 2 millions d'abonnés.
Mais les réseaux sociaux sont aussi un terrain propice pour la dissémination de fausses informations, dans un pays fortement polarisé.
Avec AFP