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Dernière ligne droite avec la liste de 21 candidats sans Bemba ni Katumbi en RDC


Les candidats à la présidentielle du 23 décembre en RDC avant la validation des dossiers, août 2018. (Ceni RDC)
Les candidats à la présidentielle du 23 décembre en RDC avant la validation des dossiers, août 2018. (Ceni RDC)

Le processus électoral en République démocratique du Congo a abordé mercredi sa dernière ligne droite avec la publication d'une liste définitive de 21 candidats à la succession du président Kabila, qui officialise l'exclusion de Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba.

Trois noms émergent pour les élections prévues le 23 décembre, le "dauphin" choisi par le président Kabila, son ex-ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, et ses deux principaux adversaires, le président de l'UDPS Félix Tshisekedi et l'ex-président de l'Assemblée Vital Kamerhe.

Cette liste ouvre la voie à la campagne électorale (à partir du 22 novembre) avec de persistantes contestations d'une procédure de vote -la machine à voter- et du fichier électoral par l'opposition et la société civile.

L'enjeu est une première transition pacifique dans le plus grand pays d'Afrique sub-saharienne, où les défis politiques et logistiques pour des élections "crédibles, transparentes, apaisées"inquiètent nombre d'observateurs.

"La phase préparatoire des élections, qui perdure depuis trois ans pratiquement, n'est pas sereine. On a l'impression qu'elle est en train de planter les germes des crises post-électorales", s'inquiète le professeur de sociologie politique Célestin Kabuya-Lumuna, ancien porte-parole du maréchal Mobutu.

Le calendrier électoral prévoit de se dérouler toujours au jour près, malgré les tensions suscitées par la mise à l'écart de MM. Katumbi et Bemba.

Allié du président Kabila passé à l'opposition fin 2015 et qui vit en exil à l'étranger depuis 2016, M. Katumbi affirme avoir été empêché de rentrer en RDC, où il est poursuivi par la justice, début août quand il s'est présenté à un poste-frontière avec la Zambie.

Ex-chef rebelle et vice-président, la candidature de M. Bemba a été invalidée en raison de sa condamnation pour subornation de témoins par la Cour pénale internationale (CPI) qui l'avait acquitté de sa peine pour crimes de guerre et contre l'humanité.

"Kabila a eu peur de moi", a lancé M. Bemba.

Privée de deux de ses leaders, l'opposition cherche un candidat commun pour défier le "dauphin" du président Kabila, sans exclure un boycott des élections en raison de l'utilisation prévue des "machines à voter" controversées.

Jean-Pierre Bemba a résumé la situation en affirmant que "si l'opposition s'unit derrière un candidat, alors oui, je pourrai faire abstraction de ma personne. Je soutiendrai quelqu'un et je le ferai gagner".

Un boycott des élections "ne serait pas ma décision personnelle, mais celle de l'opposition. Nous n'en sommes pas là", a ajouté le chef du Mouvement de Libération du Congo (MLC), l'un des principaux partis d'opposition.

- "Des actes qui rassurent" -

L'opposition en dira plus sur sa stratégie d'ici une réunion publique qu'elle annonce pour le 29 septembre à Kinshasa, après de récents conciliabules à Bruxelles, et une rencontre à Johannesburg avec le parti au pouvoir en Afrique du Sud, l'ANC.

Ce rassemblement sera un test du climat politique en RDC où la plupart des manifestations sont interdites sous prétexte que la campagne n'a pas encore commencé.

Les élections ont déjà été reportées deux fois, fin 2016 et fin 2017.

A Kinshasa, 500 personnes ont assisté à une messe à la mémoire des "martyrs des élections" deux ans après la répression d'une manifestation d'opposants les 19 et 20 septembre 2016 demandant le départ du président Kabila à la fin de son mandat en décembre 2016.

"Alors que des élections faussées se profilent, soyons dignes du sacrifice de nos compatriotes martyrs du 19 septembre 2016", a écrit Moïse Katumbi sur Twitter.

Face à ces critiques et ces craintes, la commission électorale insiste sur les progrès quotidiens du processus électoral, avec par exemple mardi l'arrivée d'"un premier lot de 17.944 isoloirs" et "la fin de la production en Corée du Sud des 105.257 machines à voter".

Acheminées en RDC via Matadi ou Dar es Salaam, les machines "seront déployées sans attendre la configuration définitive des bulletins de vote", selon la Céni.

Pour cette tâche titanesque, la commission électorale refuse toute aide extérieure, même celle de la Mission des Nations unies (Monusco) présente depuis 20 ans en RDC, au nom de la souveraineté nationale.

L'opposition et la société civile demandent l'abandon de ces machines qu'elles surnomment "machines à tricher, à voler ou à frauder".

Des experts britanniques ont énuméré "quinze risques à atténuer" dans leur utilisation.

L'opposition critique également les millions d'électeurs sans empreintes digitales sur le fichier électoral qui comprend 40 millions de noms et qui a déjà été nettoyé de ses doublons.

A l'instar de l'ANC mardi, les "partenaires" de la RDC redoutent "le chaos, l'instabilité et la violence" en cas d'échec du processus électoral dans cet immense pays au coeur du continent.

Avec AFP

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