"A une époque où il est question de développement durable, les indigènes peuvent énormément contribuer à garantir que ces objectifs soient atteints. C'est le moment pour la communauté internationale de le reconnaître", a-t-elle déclaré à l'AFP en marge d'une conférence à l'Université Nationale de Bogota.
Des experts des Nations Unies ont récemment demandé des "changements sans précédent" dans les secteurs énergétiques, industriels et des infrastructures pour limiter la hausse des températures à 1,5º afin de prévenir les catastrophes naturelles.
Et une commission internationale, présidée par l'ex-secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, a affirmé il y a deux jours que le monde a atteint un "point de non-retour" pour le climat.
Indiquant que les indigènes occupent 22% des terres de la planète, où se trouve 80% de la biodiversité mondiale, Mme Tauli-Corpuz a appelé les autorités à protéger leurs modes de vie et leurs savoirs ancestraux, favorables à la préservation de l'environnement.
"Ils ont les connaissances pour maintenir leur habitat et la biodiversité, mais aussi les valeurs qu'ils transmettent aux futures générations quant à des modes de consommation durables", a-t-elle déclaré devant des centaines d'étudiants et d'universitaires.
Elle a cité l'exemple de l'Amazonie, affectée par la déforestation, mais où les habitats indigènes sont "mieux" préservés que "les aires protégées par les gouvernements".
Selon l'ONG Greenpeace, la déforestation est responsable d'un cinquième des émissions de gaz à effet de serre, qui aggravent le changement climatique, provoquant vagues de chaleur, extinction d'espèces et fonte des glaces.
Mme Tauli-Corpuz s'est dite préoccupée par les violations des législations de protection de ces populations, du fait de leur "contradiction" fréquente avec des intérêts privés. Les indigènes "ont droit de libre détermination sur leurs territoires et ressources naturelles", a-t-elle souligné.
Dans le même sens, elle a dénoncé la hausse des assassinats de leaders indigènes défenseurs de ces ressources, ainsi que les obstacles auxquels se heurtent les autochtones pour accéder à la justice. "Ils sont considérés comme anti-développement parce qu'ils protègent leur territoire. C'est un paradoxe", a-t-elle dénoncé.
En 2017, au moins 207 défenseurs de l'environnement, dont la moitié issus de tribus indigènes des forêts tropicales, ont été assassinés, selon l'ONG Global Witness.
Avec AFP