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L'opposant Rachid Nekkaz arrêté après avoir fait irruption dans l'hôpital de Bouteflika à Genève


Le président algérien Abdelaziz Bouteflika à Alger, le 23 novembre 2017.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika à Alger, le 23 novembre 2017.

L'opposant et homme d'affaires algérien Rachid Nekkaz va être déféré samedi devant un Procureur à Genève pour "violation de domicile". Il a fait irruption dans l'hôpital où est soigné le président Bouteflika, a annoncé la police genevoise.

Rachid Nekkaz restera en garde à vue la nuit de vendredi à samedi. Il lui est également reproché d'avoir essayé de s'opposer à son éviction de l'établissement hospitalier, tout comme d'avoir fait fi de l'interdiction qui lui avait été signifiée d'entrer dans l'hôpital, a précisé la police.

La porte-parole de la police genevoise, Joanna Matta, avait expliqué un peu plus tôt à l'AFP que la direction des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) avait porté plainte après l'entrée de M. Nekkaz dans l'hôpital malgré plusieurs mises en garde.

Homme d'affaires né en France, Rachid Nekkaz, 47 ans, avait organisé en fin de matinée une manifestation avec une centaine de ses partisans devant les HUG, où a été admis le 24 février le chef de l'Etat algérien âgé de 82 ans, pour des examens médicaux.

"J'ai décidé de venir ici à Genève devant l'hôpital où est censé être hospitalisé le président et candidat algérien Abdelaziz Bouteflika (...) alors que le monde entier et l'Algérie toute entière sait qu'il n'est plus de ce monde", a-t-il déclaré.

"Il y a 40 millions d'Algériens qui veulent savoir où est le président", a-t-il poursuivi. "Le peuple algérien ne veut plus être manipulé par un pouvoir mafieux qui instrumentalise le nom du président, qui instrumentalise l'image du président, pour pérenniser son pouvoir et pérenniser leurs privilèges."

M. Bouteflika a subi un grave AVC en 2013 et est depuis très diminué. L'annonce de sa candidature pour un cinquième mandat a déclenché des manifestations de protestation dans toute l'Algérie.

M. Nekkaz, omniprésent sur les réseaux sociaux -- il filme en direct sur son compte Facebook toutes ses interventions -- avait annoncé la veille qu'il voulait aller se rendre compte lui-même de la présence du président algérien au 8è étage des HUG, réservé aux VIP.

Vers 12h30 (11h30 GMT), il a brusquement quitté le groupe de ses partisans et s'est précipité à l'intérieur de l'hôpital, tout en continuant à se filmer. La vidéo s'est interrompue lorsqu'il s'est présenté à l'accueil de l'établissement.

L'homme d'affaires sulfureux, qui a fait fortune dans les start-up et l'immobilier, draine de jeunes enthousiastes partout où il passe en Algérie. Mais son dossier de candidature à l'élection présidentielle du 18 avril a été rejeté car il a possédé jusqu'à encore récemment la nationalité française. Or la loi prévoit notamment qu'un candidat ne doit jamais "avoir possédé une autre nationalité" qu'algérienne.

Il a trouvé un subterfuge en présentant à sa place son cousin mécanicien, qui vit en Algérie et possède les mêmes nom et prénom.

Ce subterfuge passe mal et a écorné sa popularité, notamment parmi ceux qui lui avaient donné leur parrainage. Des manifestants ont hué son nom lors de récentes manifestations passant sous les fenêtres de sa permanence de campagne à Alger.

"Tout le monde sait qu'au minimum, (Bouteflika) est malade, et qu'au maximum il est mort, il est évident que c'est impossible de continuer de cautionner l'élection avec un candidat qui est mort", a poursuivi M. Nekkaz. "On a déjà vu des morts voter au Parlement. On n'a jamais vu un mort être candidat à une élection présidentielle."

La santé du président algérien n'inspire "aucune inquiétude" et les examens médicaux périodiques pour lesquels il est hospitalisé "sont en voie d'achèvement", a rétorqué jeudi Abdelghani Zaalane, le directeur de campagne d'Abdelaziz Bouteflika.

Rachid Nekkaz s'est dit vendredi confiant que "le pouvoir algérien et le Conseil constitutionnel vont réfléchir très sérieusement à l'idée de valider ou d'invalider la candidature du président Bouteflika".

Il a déclaré qu'en cas de validation de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika, il retirerait la candidature de son homonyme.

Interrogé sur son propre avenir politique au cas où cependant son cousin serait élu, il a expliqué que "le lendemain nous créerons le poste de vice-président grâce à une assemblée extraordinaire".

"Je deviendrai donc vice-président, et le jour même le président élu démissionnera, me permettant ainsi de devenir le président de la République algérienne", a-t-il soutenu.

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