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RDC

Tshisekedi face à l'hydre de l'insécurité pour sa première tournée au pays


Félix Tshisekedi à Washington, le 4 avril 2019. (VOA/Eddy Isango)
Félix Tshisekedi à Washington, le 4 avril 2019. (VOA/Eddy Isango)

Président depuis trois mois, le chef de l'État congolais Félix Tshisekedi effectue sa première tournée dans l'intérieur de la République démocratique du Congo où il est interpellé au sujet d'un thème à peu près exclusif : la sécurité.

Mardi, l'ex-opposant, vainqueur de l'élection présidentielle du 30 décembre, est arrivé à Beni (Nord Kivu, est), où des centaines de civils ont été massacrés depuis octobre 2014.

Ces massacres sont attribués par les autorités aux milices armées ADF, historiquement des musulmans ougandais luttant contre le président Museveni et installés dans l'est du Congo depuis les années 90.

Mais un officier congolais, le général Muhindo Akili Mundos, a été accusé par les Nations unies de complicité avec un sous-groupe des ADF quand il était en poste à Beni en 2014-15.

Les habitants de Beni espèrent que le nouveau président va restaurer l'autorité de l'État et la confiance dans les institutions, en rupture avec la fin du régime de son prédécesseur Joseph Kabila.

Le président de la République doit renforcer l'encadrement de "l'armée, la police, l'agence nationale de renseignements", a déclaré un porte-parole des habitants de Beni, Janvier Kasairyo.

Les attentes sécuritaires ont rythmé les deux précédentes étapes du président à Goma et Lubumbashi.

"Avec la paix tout ira bien, avec la paix il y aura l'argent, avec la paix, il y aura le travail", a résumé à l'AFPTV un militaire démobilisé, Manasse Mutabesha, à l'arrivée du président dimanche soir à Goma.

Lundi à Goma, chef-lieu du Nord Kivu, le chef de l'État a tenu pendant plusieurs heures une réunion du conseil de sécurité avec des hauts-responsables (gouverneur, police, armée, renseignements).

La province du Nord Kivu est depuis 25 ans le fief de groupes armés congolais ou étrangers, principalement le FDLR hutu rwandais.

Depuis le début de l'année, les habitants de Goma s'inquiètent aussi d'une flambée des violences urbaines. "Des personnes armées entrent dans Goma et tuent de paisibles citoyens sans être inquiétées par la police ni l'armée", a constaté le ministre de l'Intérieur par intérim Basile Olongo dans le compte-rendu de la réunion.

M. Tshisekedi n'a pas dit un mot de sa promesse de campagne faite ici-même début décembre: "Une fois élu président, j'installerai l'État major à Goma, afin de terminer le problème de l'insécurité des groupes armés".

Pendant la réunion, une mise en garde a cependant été lancée contre les "politiciens véreux" qui entretiennent des liens avec les groupes armés, a indiqué le ministre.

- Permutation des officiers -

Le président a aussi annoncé "le relèvement des troupes qui ont fait longtemps" au Nord Kivu.

A Lubumbashi le week-end dernier, le président avait "constaté un déficit criant d'encadrement des hommes" de l'armée et de la police.

Lubumbashi est la capitale de l'ex-grand Katanga minier (sud-est), la région qui stocke dans ses sous-sols l'essentiel des richesses minérales du pays.

Le président a décidé de supprimer l'affectation des soldats, des policiers et des militaires de la garde présidentielle auprès des sociétés minières.

A Lubumbashi, M. Tshisekedi a aussi décidé "de procéder à la permutation progressive des officiers, à la régularisation des grades et à la relève des troupes au sein de l'armée et de la police".

Il s'agit de la première tournée dans l'intérieur du pays du président Tshisekedi, qui avait multiplié les déplacements à l'étranger depuis son investiture le 24 janvier.

Son dernier voyage début avril l'a conduit à Washington où le secrétaire d'État Mike Pompeo lui a promis son "soutien au programme de changement" en RDC.

Depuis son investiture, M. Tshisekedi n'a toujours pas formé de gouvernement, et travaille soit avec des ministres de l'ancienne équipe du président Kabila, soit avec des intérimaires.

Il n'a pas non plus procédé à des réformes majeures au sein de l'appareil sécuritaire, à part un changement à la tête de l'Agence nationale de renseignements (ANR).

Le président est lié par un accord politique avec les pro-Kabila qui contrôlent le Parlement, les assemblées provinciales, une majorité de poste de gouverneurs et l'appareil sécuritaire.

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