La société civile et l’opposition guinéenne soupçonnent des manœuvres visant à donner la possibilité au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Les deux entités se sont organisées au sein du Front national pour la défense des acquis démocratiques.
Plusieurs dizaines de femmes du Front national pour la défense de la Constitution, toutes vêtues de rouge, sont venues exprimer, devant le siège de la coalition, leur opposition à toute modification de la Constitution.
"Il faut qu’on apprenne à respecter les lois dans ce pays. On ne peut pas accepter qu’à la fin d’un mandat on nous parle d’insuffisance dans la Constitution", s'indigne Hadja Maimouna Ba Diallo, porte-parole des femmes du front.
Les organisations de la société civile guinéenne n’entendent pas baisser le bras et se disent prêtes à mener des actions contre toute initiative qui viole les lois guinéennes.
Selon Abdourahamane Sano, membre du front, le président Condé n’a aucune alternative: "Nous ne voulons pas que notre pays soit pris en otage par un système qui voudrait emmener le président à s’éterniser au pouvoir. Nous avons pensé à ce mouvement pour nous opposer à toutes les initiatives allant dans ce sens".
Les pros et anti-nouvelle Constitution sont actifs sur le terrain, chacun y va de son argument. Les promoteurs d’une nouvelle République, eux, parlent d’une nécessité.
Pour Alhousseine Maanera Kaké, membre du RPG arc-en-ciel, parti au pouvoir, la démarche "consiste à convaincre les populations de la nécessité d’une nouvelle Constitution", mais il est essentiel que "la nouvelle tienne compte des préoccupations de tous les Guinéens".
L’opposition guinéenne a fait savoir qu’elle ne permettrait aucune modification ou adoption d’une nouvelle Constitution. Pour elle, le président Condé veut être candidat à sa propre succession.
"Tout ceci ne vise qu’un seul objectif, accorder un 3e mandat à Alpha Condé, chose que le peuple ne peut accepter", lance Ahmed Tidjane Sylla, responsable de la cellule de communication de l’UFR, parti de l’ancien Premier ministre Sidya Touré.
Pour Faya milimono, président du Bloc libéral, "s’il veut sortir par la grande porte, il n’a qu’à respecter ce que le peuple lui a donné comme temps et s’il fait du forcing, il va se retrouver dans la situation du Soudanais el-Béchir".
Selon les membres du Front national pour la défense des acquis démocratiques, les déclarations du président Alpha Condé donnent plus de lumière sur ses intentions. Il y a quelques jours, le chef de l’Etat guinéen avait dit que personne ne pouvait l’empêcher de consulter le peuple.