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En Tunisie, des ONG dénoncent un discours officiel "timide" contre la torture


Les familles de victimes de la révolution tunisienne assistent à un procès au nom de leurs proches au palais de justice de la ville de Kasserine, au centre de la Tunisie, le 13 juillet 2018.
Les familles de victimes de la révolution tunisienne assistent à un procès au nom de leurs proches au palais de justice de la ville de Kasserine, au centre de la Tunisie, le 13 juillet 2018.

Des ONG tunisiennes et internationales ont dénoncé mercredi un discours officiel "timide et ambigu" sur la lutte contre la torture et des mesures "insuffisantes" pour mettre fin à l'impunité en Tunisie.

"Le discours officiel sur l'interdiction absolue de la torture est resté très timide et ambigu" de la part de l'Etat, ont déploré plusieurs ONG, parmi lesquelles l'Organisation mondiale contre la torture, la Ligue tunisienne des droits de l'Homme ou encore l'Association des Magistrats Tunisiens.

Les ONG sont régulièrement informées de cas de torture et mauvais traitements, attribuées majoritairement à des membres de forces de sécurité, assurent-elles.

Or, les représentants de l'Etat évitent "de reconnaître explicitement sa persistance comme phénomène", et leur discours "n'a pas un grand impact, ni sur le comportement des responsables de l'exécution de la loi, ni sur l'opinion publique", estiment-elles.

Dans un rapport publié mercredi à l'occasion de la Journée mondiale contre la torture, ces ONG jugent aussi insuffisantes les mesures judiciaires de lutte contre la torture.

Huit ans après le chute du régime policier de Zine el Abidine Ben Ali, qui avait érigé la torture en système, "il y a une nette amélioration mais le problème c'est que parmi les plaintes déposées, seul un faible pourcentage arrive devant les juges", explique Jamel Msallem, président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme.

La lenteur et l'"absence de diligence" de la justice font "qu'aucun progrès n'a été noté pour garantir des enquêtes et des poursuites sérieuses et rompre avec ce cycle vicieux d'impunité pour le crime de torture", selon le rapport.

D'autres violations des droits et libertés fondamentales persistent en Tunisie, d'après ce rapport: examens médicaux sur la sexualité --tel que le test anal souvent imposé lorsque des personnes présumées homosexuelles sont arrêtées--, un recours "trop répandu" à la détention préventive, et de mauvaises conditions pénitentiaires.

Ces ONG ont appelé à un engagement "officiel et ferme" du gouvernement pour mettre fin aux pratiques humiliantes de torture et pour appliquer les réformes prônées par l'instance chargée de tirer les leçons des dictatures.

L'Instance Vérité Dignité, une institution indépendante qui a tenté pendant quatre ans de rendre justice aux victimes de violations sous les dictatures et d'empêcher que ces violations ne se reproduisent, a rendu un rapport début 2019, préconisant des réformes notamment dans le secteur de la sécurité et de la justice.

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