Plus de 3.000 migrants sont revenus volontairement. Le programme essaie de les réintégrer après une migration souvent traumatisante.
En 2017, 250 Camerounais qui voulaient tenter l’aventure, pris au piège en Libye, ont été les premiers bénéficiaires de ce programme de protection et réintégration des migrants.
Une aide de 1200 euros, près de 600.000 francs CFA, a été accordée à chacun d’entre eux, après approbation de leur demande par une des antennes de l’Organisation internationale des migrations au Cameroun.
"L’OIM vérifie que le migrant de retour à l’intention de rentabiliser l’assistance reçue. Il va être encouragé à développer des projets innovants qui pourraient employer d’autres migrants, y compris dans sa communauté d’origine", explique François Nyoyita Sebigunda, chargé du volet intégration à l’OIM à Yaoundé.
Il faut attendre un mois à compter de la date de retour pour solliciter le financement. A ce jour, seulement 60% des postulants ayant reçu l’argent pour commencer les affaires sont opérationnels.
Un retour difficile, facilité par le programme
La réintégration est difficile pour certains et 90% ont choisi de vivre à Yaoundé ou Douala pour échapper à la stigmatisation de leur communauté d’origine.
Les candidats à l’immigration augmentant chaque fois, le nombre de retour volontaire s’est aussi accru en 2 ans.
Pour Elena Fanetti, chargé du programme sécurité et la migration à la délégation de l’Union européenne à Yaoundé, en deux ans, "la cible initiale était le retour volontaire de 850 migrants Camerounais".
En juillet 2019, le programme a repéré "plus de 3000 Camerounais", rentrés depuis juin 2017, principalement depuis le Niger, la Libye, mais aussi l’Algérie, "et d’autres pays de transit pour lesquels nous sommes en train de mettre en place avec l’OIM, notre partenaire".
"Par rapport à la cible initiale, on a presque doublé le budget .Tout cela maintenant, c’est pour une période de trois ans", souligne-t-elle.
Yvan Takam est rentré volontairement depuis 6 mois au Cameroun grâce à cette initiative conjointe OIM-Union Européenne. A 27 ans, il aura tenté pendant 4 ans de se rendre illégalement en Europe au risque de sa vie. Il avait atterri au Maroc avant de revenir dans son pays.
Titulaire d’un brevet de technicien supérieur, il dirige aujourd'hui son business en bâtiment et travaux publics
"Je suis sorti du Cameroun avec 150.000 francs", raconte-t-il à VOA Afrique. "Mais comme on le dit, on est mieux chez soi." Il est reconnaissant pour le programme qui l'a accueilli à son retour.
Certains anciens migrants estiment que ce programme serait plus bénéfique s’il était appliqué autrement. Cyrille Nemande a été en Algérie. Il est le président de "Ô pays Human migrant Association", qui encadre 300 anciens migrants.
Il a expliqué à VOA Afrique qu'il a été "proposé à l’Union Européenne de faire des projets groupés de 20 ou 30 personnes", pour s'associer car, selon lui, "si 20 ou 30 personnes s’associent avec 500.000 francs chacun, elles peuvent créer une entreprise".