Au même moment, un général démissionnaire de l'armée et désormais homme politique adversaire du gouvernement a été interrogé pendant plusieurs heures à la gendarmerie pour des propos tenus sur les réseaux sociaux, considérés par le pouvoir comme des appels à un coup d'Etat.
Le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta est secoué depuis début octobre par le plus important revers qu'ait essuyé l'armée malienne depuis des années. Quarante soldats ont été tués le 30 septembre et le 1er octobre quand les djihadistes ont attaqué les camps militaires de Boulkessy et Mondoro dans le centre du pays, selon un bilan gouvernemental.
Cette bataille a conforté le sentiment d'impuissance du pouvoir face à la dégradation de la situation dans un pays en proie depuis 2012 à des insurrections indépendantistes, salafistes et djihadistes et à des violences interethniques sanglantes.
Le Premier ministre s'est rendu jeudi dans le centre du Mali pour la première fois depuis les évènements de Boulkessy. Il a exprimé la "reconnaissance" du pays à six blessés alités à l'hôpital de Sévaré, le pied ou la main dans le plâtre ou les bandages.
A quelques kilomètres de là à Mopti, devant des centaines de soldats, il a assuré que son gouvernement "mettra tout en oeuvre" pour renforcer le dispositif militaire. Cependant, a-t-il ajouté, "le problème du centre du Mali, n'est pas seulement un problème du Mali. C'est un problème international".
Des forces onusienne, française et africaine opèrent au Mali.
Le Premier ministre doit lancer vendredi à Mopti un processus visant au désarmement des peuls et de dogons. Les affrontements se sont multipliés entre ces communautés depuis 2015 dans le centre du pays, faisant des centaines de morts.
Simultanément, le général et opposant Moussa Sinko Coulibaly s'est expliqué devant les gendarmes sur ses propos sur Twitter après Boulkessy.
Le 2 octobre, il avait dénoncé "l'incompétence du régime d'une médiocrité à nulle autre pareille". "Il est impérieux de mettre fin à ce régime incompétent pour abréger la souffrance du peuple", avait-il dit.
Ces mots avaient nourri les spéculations sur l'éventualité d'un putsch similaire à celui mené en 2012 par des officiers qui jugeaient le pouvoir incapable de défendre le territoire face aux insurrections alors émergentes dans le nord.
"Il appartient à ceux qui m'ont convoqué aujourd'hui de bien analyser ce que j'ai dit" et d'y "donner la suite appropriée", a dit Moussa Sinko Coulibaly, sorti libre de son audition.
Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), la principale alliance djihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a revendiqué les attaques de Boulkessy et Mondoro. Le GSIM affirme avoir capturé deux officiers, dont un colonel, et tué au moins 85 soldats.