"Les sanctions sont un des outils dont nous disposons (...), et nous les utiliserons", a déclaré l'ambassadeur Thomas Hushek au cours d'une conférence de presse à Juba.
Depuis la signature d'un accord de paix en septembre 2018, les combats ont fortement diminué au Soudan du Sud, mais le président Salva Kiir et le chef rebelle Riek Machar ne parviennent pas à concrétiser certaines dispositions cruciales de l'accord, dont le nombre d'Etats régionaux au sein du pays ainsi que le tracé de leurs frontières.
Dans ce contexte, la formation d'un gouvernement d'union nationale, initialement prévue en mai, a été reportée une première fois au 12 novembre. Puis un nouveau délai de 100 jours a été accordé aux deux rivaux, lors d'une réunion en Ouganda rassemblant les partenaires régionaux (Kenya, Ouganda et Soudan, notamment).
"Tout au long de ce processus, des dates limites ont été manquées", a souligné l'ambassadeur, assurant que les Etats-unis "veulent vraiment voir la transition se concrétiser".
Face à ces atermoiements, les Etats-unis, un des parrains de l'indépendance du Soudan du Sud, ont perdu patience. Ils avaient rappelé fin novembre leur ambassadeur afin de "réexaminer" leur relation avec le Soudan du Sud et semblent vouloir accentuer la pression sur les protagonistes.
Lundi, ils ont imposé des sanctions financières ciblées aux ministres sud-soudanais de la Défense et des Affaires gouvernementales, accusés de "faire obstacle" au retour de la paix, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, menaçant de "prendre d'autres mesures contre ceux qui veulent prolonger le conflit".
"La manière d'éviter de nouvelles sanctions, c'est que le processus de paix avance", a conclu M. Hushek. "Et si ceux visés par des sanctions montrent un changement d'attitude et deviennent des partisans et des protecteurs de la paix, ces sanctions peuvent être levées".
MM. Kiir et Machar, qui participent à des discussions à Juba, se sont engagés mardi à former un nouveau gouvernement dans le temps imparti, assurant que si des questions non résolues subsistent, il incombera au nouveau gouvernement de les traiter.
"Le soutien extérieur pour encourager le Soudan du Sud à s'engager sur la bonne voie ne manque pas", a pour sa part insisté mercredi le représentant de l'ONU au Soudan du Sud, Alan Shearer, devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
"Les choix que les dirigeants sud-soudanais feront maintenant détermineront l'avenir du pays pour plusieurs générations à venir".
"C'est une question de volonté politique", a dit M. Shearer, notant que plusieurs questions restent en suspens, dont le statut de Riek Machar, qui vit en exil à Khartoum en résidence surveillée et ne s'est toujours pas vu remettre un passeport sud-soudanais.
Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013, deux ans après son indépendance du Soudan, lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l'ethnie nuer, de fomenter un coup d'Etat. Le conflit a fait plus de 380.000 morts.