A l'issue d'un conseil des ministres présidé par le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, il a été annoncé la révision à la baisse de 30% du budget de fonctionnement de l'Etat -sans pour autant toucher aux salaires des fonctionnaires- ainsi que la réduction de la facture des importations de 41 à 31 milliards de dollars (38 à 28 milliards d'euros).
En outre, l'Algérie n'aura plus recours aux cabinets d'expertise étrangers afin d'économiser 7 milliards de dollars (6,5 mds EUR) par an, selon un communiqué de la présidence.
Le géant pétrolier Sonatrach, première entreprise publique du pays, devra "réduire de 14 à 7 milliards de dollars (soit de 13 à 6,5 mds EUR), les charges d'exploitation et les dépenses d'investissement afin de préserver les réserves de change", précise le communiqué.
En revanche, le gouvernement a souhaité ne pas toucher au secteur de la santé, pandémie oblige, ni à l'Education.
Pour chercher d'autres sources de financement, le gouvernement a décidé notamment d'augmenter la production d'engrais, de sursoir à certains projets -en particulier de centrales électriques-, d'accélérer le recouvrement des impôts et taxes ainsi que des crédits octroyés par les banques publiques.
Basée sur un prix du marché du baril de brut à 60 dollars, la loi de finances 2020 prévoyait une croissance économique d'environ 1,8%.
Mais les cours du pétrole poursuivent leur descente, le baril de référence américain touchant la semaine passée un plus bas depuis 2003, à 22,53 dollars, pris en étau entre une offre débordante et une demande mondiale sapée par la pandémie de coronavirus.
L'effondrement des prix du pétrole à partir de 2014 a déjà réduit de moitié les recettes liées aux exportations d'hydrocarbures, qui représentent plus de 90% des recettes extérieures du pays.
La Banque d'Algérie a annoncé début février que les réserves de change avaient encore chuté à 62 milliards de dollars fin 2019 contre 79,88 mds USD fin 2018 et 97,22 mds fin 2017.
Ces réserves devraient continuer à baisser pour atteindre 51,6 mds USD à la fin 2020, selon les prévisions de la dernière loi de finances adoptée en novembre, et pourraient même s'épuiser dans les prochaines années.
La crise actuelle a fait prendre conscience de "la précarité de notre économie que nous n'avons pas su affranchir de la rente pétrolière", a reconnu le président algérien, cité dans le communiqué.
Un projet de loi de finances complémentaire devait être examiné dimanche par le conseil des ministres mais M. Tebboune a, selon le communiqué, décidé de de le reporter "jusqu'à évaluation des répercussions des mesures financières prises au niveau du gouvernement, ainsi que de l'évolution de la situation dans le monde".