C’est au marché Total, l’un des plus grands de Brazzaville, que le photographe Lebon Chasard Ziavoula se sert de son appareil pour attirer l’attention des jeunes qui ne croient toujours pas à l’existence du coronavirus.
Il habille un autre jeune en blanc, et le présente comme un fantôme au milieu des humains. Le message est clair: le coronavirus est un fantôme, et donc visible ou pas, il existe réellement.
"Cela attire les curieux qui demandent s’il y a le coronavirus. Et j’en profite pour dire que la maladie existe", explique M. Ziavoula.
Beaucoup de Congolais ont développé un scepticisme face à la pandémie. Les jeunes sont en première ligne. "On ne voit rien, mais on nous dit que le coronavirus existe. On fait comme à l’église : Dieu existe, mais on ne le voit pas", ironise Mirna.
"Regardez les conditions dans lesquelles les gens circulent dans les marchés et comment on se bouscule pour prendre les bus. On s’en fout", indique Jonas, un autre jeune qui estime que cette pandémie n’est qu’ "un mythe" et que les chiffres publiés à la télé, "c’est pour amuser la population".
A l’instar du photographe Ziavoula, des jeunes sensibilisent d’autres jeunes à la présence effective de la maladie COVID-19 au Congo.
Yoan Ibiliki, président de l’Association congolaise pour l’assistance sociale, appelle les jeunes à prendre conscience. "Nous avons mené des activités envers les jeunes pour qu’ils fassent preuve de civisme et de responsabilité face à cet ennemi invisible", indique-t-il.
Thales Zokene, un jeune artiste, estime qu’il ne faut pas suivre les jeunes qui ne croient pas à la présence du coronavirus au Congo. "Nous ne pouvons pas tomber dans cette naïveté. Il est temps que la jeunesse prenne ce problème à bras le corps", explique-t-il.
Selon plusieurs témoignages recueillis dans la ville, le scepticisme se développe dans la société, en partie parce que les médias locaux ne montrent pas les malades de COVID-19 dans leurs lits d’hôpital.
Et même parmi les jeunes congolais qui sont convaincus que le coronavirus existe, nombreux sont ceux qui doutent de la capacité des structures locales de prise en charge.
Des inquiétudes battues en brèche par la ministre de la santé, Jacqueline Lydia Mikolo."On a toujours tendance à être dans la rumeur, dans le trafic d’information sur les réseaux sociaux", déplore-t-elle. "Nous avons bien des respirateurs, ils sont là, installés et d’autres ne le sont pas encore à cause des travaux", souligne la ministre Mikolo.
A ce jour, le Congo-Brazzaville compte 3 038 cas confirmés de coronavirus dont 51 décès et 758 guérisons. Le pays est toujours en état d’urgence sanitaire.