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Manifestations "#EndSARS": une enquête de CNN indexe les autorités nigérianes


Les gens sont obligés de marcher les mains sur la tête lorsqu'ils passent les points de contrôle de sécurité, au marché d'Obalende, Lagos, Nigéria, le 24 octobre 2020.
Les gens sont obligés de marcher les mains sur la tête lorsqu'ils passent les points de contrôle de sécurité, au marché d'Obalende, Lagos, Nigéria, le 24 octobre 2020.

Dans une enquête approfondie, CNN revient sur la répression violente qui s'est abattue sur les manifestants nigérians en octobre, avec des témoignages incriminants à l'appui.

Les manifestations "#EndSARS" contre les violences policières qui ont secoué le Nigeria le mois dernier ont suscité une riposte brutale de la part des autorités, selon une enquête en profondeur de la chaîne américaine CNN dont les conclusions ont été publiées mercredi.

L’équipe de CNN a mené une enquête multidisciplinaire qui inclut des analyses balistiques, la cartographie et la géolocalisation, des enregistrements vidéo et des déclarations de témoins oculaires qui se sont exprimés devant un panel chargé d'enquêter sur les morts qui ont découlé de ces manifestations.

Le dossier de CNN se penche sur les morts du péage de Lekki, quartier relativement affluent de Lagos, devenu point focal des manifestations.

CNN commence par le cas d'Elisha Sunday Ibanga, la vingtaine, sœur d'un des jeunes qui étaient allés protester. Le 21 octobre, Elisha répond à un appel téléphonique du numéro de son frère aîné. A l'autre bout de la ligne, un inconnu lui annonce que son frère, Victor, a été abattu au péage.

"La personne m'a dit que la police avait emporté son corps", relate la jeune femme.

Selon CNN, les Ibanga sont l'une des nombreuses familles qui n'ont pas encore retrouvé les corps de leurs proches disparus.

Amnesty International a recensé 56 morts dans l'ensemble du pays en deux semaines de manifestations. L'ONG a demandé "l'ouverture immédiate d'une enquête indépendante".

Une manifestante tient une pancarte lors d'une manifestation contre les brutalités policières à Lagos, au Nigeria, le 17 octobre 2020.
Une manifestante tient une pancarte lors d'une manifestation contre les brutalités policières à Lagos, au Nigeria, le 17 octobre 2020.

L'enquête de CNN intervient deux semaines après une investigation similaire menée par le quotidien Premium Times, qui a livré ses conclusions le 31 octobre.

Le journal s'attarde sur le témoignage d'une Disc Jockey populaire, DJ Switch, qui avait diffusé les tirs sur les manifestants en direct sur Instagram. Elle affirme que les soldats ont par la suite emmené les morts et que des policiers sont arrivés plus tard pour nettoyer les lieux.

Après avoir nié l'usage de la force mortelle, les autorités ont finalement admis qu’il y a eu des morts par balles.

Beaucoup de questions autour de ce qui s'est passé dans la nuit du 20 au 21 octobre restent sans réponse.

Qui a donné l’ordre de déployer l’armée ? Qui a autorisé les militaires à tirer à balles réelles ? Où sont les corps des autres victimes ? Qu’en est-il des disparus ?

L'armée a déclaré que c'était le gouverneur de Lagos, Babajide Olusola Sanwo-Olu, qui avait appelé les soldats sur les lieux parce que la police était débordée. Mais le gouverneur nie cette version des faits, insistant sur le fait qu'il n'a pas l’autorité de mobiliser l'armée.

Le dossier de CNN a ravivé des blessures qui n'avaient pas encore cicatrisé : des milliers de Nigérians ont tweeté les hashtags #Lekkimassacre et #EndSARS tout au long de la journée de mercredi.

A Lagos, une personne décède
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