Le projet de loi controversé a trainé plus d'une décennie au parlement avant son adoption jeudi dernier. Son approbation finale est un succès pour le gouvernement du président Muhammadu Buhari qui a réintroduit le projet l'année dernière.
"Je pense que c’était attendu depuis longtemps mais c’est un progrès. Mais pour moi, il ne s’agit pas de faire adopter la loi. Quel sera son impact sur la population ordinaire dans les rues ? C’est la question que nous devons nous poser", souligne Kelvin, un habitant d'Abuja, la capitale fédérale.
Pour Collins, "ceux qui sont en charge des affaires de l’Etat respectent- ils ces lois qui sont votées ou signées? Vont-ils travailler en conformité avec tout ce qui est dit dans ce projet de loi ? Absolument la réponse c’est non ".
Les inquiétudes sont les mêmes pour les activistes nigérians. Selon Faith N’wadishi du Centre pour la transparence sur la gestion de la manne pétrolière "Les nigérians vont-ils se servir de ça pour tenir le gouvernement responsable de la gestion du pétrole ? Parce qu’il ne s’agit pas seulement de retenir ce qui est écrit dans ce projet de loi, mais de veiller à son exécution. Il faut donc demander des comptes".
Le projet de loi devrait modifier les conditions de paiement des redevances par les sociétés pétrolières et stimuler l'exploration pétrolière et gazière à travers le pays.
L'économie nigériane dépend fortement des revenus pétroliers et ce projet de loi doit en principe changer radicalement le secteur en stimulant les investissements étrangers et en réduisant le contrôle du gouvernement sur la NNPC la compagnie pétrolière d'État qui gère le pétrole.
Charles Majomi, spécialiste du domaine et analyste énergétique, estime que "ce qui est nouveau, c’est cette considération accordée aux communautés productrices du pétrole au Nigeria et cette nouvelle mesure concernant l’exploration".
Ces communautés exigent que 10% des ressources leur reviennent, la loi adoptée offre 2,5%. Ce qui cristallise encore les débats.
"Si ces deux points ne sont pas négociés vite, ce n’est pas notre souhait mais cela pouvait donner naissance à des agitations dans le delta du Niger où se trouvent ces communautés", explique-t-il.