Un sommet virtuel des dirigeants ouest-africains a débuté vendredi pour décider d'éventuelles sanctions à l'encontre de la junte du Burkina Faso, arrivée au pouvoir par un coup d'Etat militaire lundi, et qui a appelé ses partenaires internationaux à collaborer avec elle.
Le sommet des pays membres de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédeao), s'est ouvert peu après 10H00 GMT, a indiqué à l'AFP une source à la Cédeao.
Cette organisation a condamné le coup d'Etat et devrait au moins suspendre le Burkina Faso de ses instances dirigeantes.
Et comme elle l'a fait pour le Mali et la Guinée où des militaires ont également pris le pouvoir, la Cédeao pourrait imposer des sanctions à la junte burkinabè.
Dans sa première allocution depuis sa prise de pouvoir lundi, le nouvel homme fort du Burkina, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a estimé jeudi soir à la télévision nationale que son pays avait "plus que jamais besoin de ses partenaires".
Disant comprendre les "doutes légitimes" suscités par le coup d'Etat, il a assuré que le Burkina "continuera à respecter les engagements internationaux, notamment en ce qui concerne le respect les droits de l'Homme", précisant que l'indépendance de la justice serait aussi "assurée".
Le lieutenant-colonel Damiba s'est engagé "au retour à une vie constitutionnelle normale", "lorsque les conditions seront réunies", sans préciser d'agenda.
Le chef de la junte a assuré que la "sécurité" était sa priorité à la tête de ce pays endeuillé quasi quotidiennement par des attaques jihadistes meurtrières.
La télévision a cependant annoncé jeudi soir un allègement du couvre-feu mis en place lundi: de 21H00 (locales et GMT) à 05H00, il passe de minuit à 04H00.
"Feuille de route"
La population reprochait notamment au président renversé, Roch March Christian Kaboré, de ne pas avoir réussi à endiguer la dégradation sécuritaire depuis 2015, notamment dans le nord et l'est du pays.
Dans le sillage du Mali et du Niger, le Burkina Faso est pris dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique qui ont fait plus de 2.000 morts et contraint au moins 1,5 million de personnes à fuir leurs foyers.
Depuis sa prise de pouvoir, M. Damiba a consulté les ministres renversés ainsi que les syndicats.
Aux anciens ministres, il a demandé de ne pas quitter le Burkina sauf autorisation. Aux syndicats, il a promis de les consulter et de les impliquer dans la transition.
Dans son allocution télévisée, il a assuré vouloir associer toutes les "forces vives" de la nation pour "une feuille de route" en vue de redresser le Burkina Faso.
Plusieurs organisations semblent enclines à travailler avec lui.
"Nous avons intérêt à ce que cette armée réussisse à stabiliser le pays", affirme l'association Sauvons le Burkina Faso qui réclamait ardemment la démission de M. Kaboré.
Plusieurs partis d'opposition à M. Kaboré dont le plus important, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) proche de Blaise Compaoré - ex-président chassé par la rue en 2014 après 27 ans de pouvoir - ont également marqué "leur disponibilité à apprécier la vision qui leur sera soumise" par la junte.
La question de l'avenir de M. Kaboré devrait également se poser prochainement.
En résidence surveillée, il est en bonne santé selon plusieurs sources et a un médecin à sa disposition. Jeudi soir, le chef de la junte n'a pas prononcé son nom.
Il a en revanche conclu son discours par une devise bien connue des Burkinabè, celle du pays sous l'ancien président Thomas Sankara: "la Patrie ou la mort, nous vaincrons".
Leader progressiste et icône panafricaine, Thomas Sankara a été tué en 1987 par un coup d'Etat fomenté par des proches, dont Blaise Compaoré qui avait pris le pouvoir.
Le procès de ses assassins, commencé en octobre 2021, mais mis en pause par le putsch, reprendra lundi.