Il y a six jours, M. Touadéra avait annoncé, à la surprise générale, que le "Dialogue républicain" avec l'opposition et la société civile, qu'il avait promis il y a 15 mois au lendemain d'une élection très contestée, aurait lieu lundi, mais sur un programme resté très vague sans évoquer d'objectifs concrets à l'issue de débats prévus pour durer une semaine seulement.
Le chef de l'Etat a ouvert le Dialogue républicain en présence de plusieurs centaines de participants de la majorité, de la société civile et de personnalités invitées à la cérémonie d'ouverture dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. "Nous sommes tous mobilisés autour des idéaux de paix (...) il n'y a pas de sujet tabou, nous sommes là pour percer l'abcès (...), pour laver le linge sale en famille", a-t-il lancé de la tribune, encadré par deux membres russes de sa garde rapprochée, les visages masqués.
Dimanche, la quasi-totalité des partis de l'opposition ont annoncé qu'ils refusaient de participer au dialogue principalement parce que les rebelles n'y sont pas conviés et que le programme ne prévoit rien sur ce qu’elle appelle la "question de la crise post-électorale", c'est à dire ce qu'elle considère comme la réélection non légitime de M. Touadéra le 27 décembre 2020 par une partie très faible du corps électoral.
L'opposition et les experts de la région ont fustigé par avance un dialogue longtemps retardé pour être finalement annoncé à la hussarde et surtout sans qu'aucun objectif ne soit fixé pour qu'il débouche sur des mesures concrètes. En dehors de la promesse d'une "feuille de route" destinée à mieux intégrer l'opposition et la société civile dans la gouvernance du deuxième pays le moins développé du monde, selon l'ONU.
En l'absence des groupes armés et rebelles, et désormais de l'opposition politique, il y peu de chance qu'il aboutisse à des changements significatifs en matière de sécurité et de partage du pouvoir, experts et diplomates estimant que le président répond finalement juste à une exigence de la communauté internationale en tenant ce dialogue qu'elle finance.
Et notamment de l'ONU, qui a placé depuis des années sous perfusion ce pays où la moitié de la population survit dans un état d'insécurité alimentaire aigüe et qui y a déployé depuis 2014 une de ses plus coûteuses missions de Casques bleus.