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Les revendications des politico-militaires tchadiens soumises au Qatar


Les politico-militaires tchadiens réunis à Doha au Qatar pour un pré-dialogue avec le gouvernement du Tchad. (Photo: Chidi Djorkodei)
Les politico-militaires tchadiens réunis à Doha au Qatar pour un pré-dialogue avec le gouvernement du Tchad. (Photo: Chidi Djorkodei)

Les trois groupes des politico-militaires tchadiens réunis à Doha pour le pré-dialogue ont fini de remettre au Qatar, dimanche 27 mars 2022, leurs conditions de participation au dialogue national inclusif prévu au Tchad en mai. Le médiateur les remettra au gouvernement cette semaine.

"Ensuite, il y aura des rencontres entre le gouvernement et les politico-militaires pour discuter les points sur lesquels le gouvernement est d’accord ou pas, afin de trouver un compromis. Le gouvernement a aussi un accord pré-établi de paix sur lequel s'entretiendront les politico-militaires pour voir s’il y aura des amendements, des articles à ajouter", explique à VOA Afrique Abdallah Chidi Djorkodei, représentant du Front de la nation pour la démocratie et la justice, l’un des mouvements rebelles tchadiens (FNDJT).

"Je pense que les choses sont maintenant dans l’ordre des deux côtés", conclut-il.

Les trois groupes que constituent les politico-militaires à Doha ont des revendications différentes mais tous s’accordent sur leur sécurité s’ils doivent rentrer au bercail. "Sinon on ne peut pas descendre à N'Djamena", prévient Mahamat Ali Youssouf, président de l’Union des mouvements pour la démocratie et le développement, interrogé par VOA Afrique.

Son mouvement, qui reconnait qu’il est important de faire un pas vers la paix au Tchad, estime que pour arriver à cela, "il nous parait essentiel, dans le cadre du dialogue, il est important que soit prévue la modification de la Charte. Si elle est modifiée, nous sommes prêts à déposer les armes, rentrer au Tchad et assister au dialogue inclusif avec la société civile, avec tout le monde", avance-t-il.

"80% des politico-militaires sont pour le pré-dialogue et le dialogue à N’Djamena", renchérit Hissein Ahmat Alhadj, vice-président de l’Union des forces pour le changement et la démocratie (UFCD), cité par Tchad Infos. Selon lui, la volonté y est et l'essentiel est fait.

Les politico-militaires pensent que cette garantie de sécurité ne pourra être donnée que par le Qatar et la communauté internationale.

"Le Qatar [sera aussi] comme garant pour suivre des accords qui seront signés au Qatar. Car ces accords vont commencer ici au pré-dialogue mais vont continuer jusqu’au dialogue; même après le dialogue. Nous aurons aussi la phase DDR, Désarmement Démobilisation, Réinsertion. Cette fois, ce ne sera pas la DDR classique. On voudrait ajouter le "D" pour le développement", indique Chidi Djorkodei.

Hormis le "développement" qu’il faut intégrer, les politico-militaires réclament également la destruction de l’armée que Mahamat Ali Youssouf ne considère pas comme "nationale".

"Quand vous voyez la figuration de l’armée, qui est le chef d’Etat-major ? Qui est le directeur de DGCI? Qui commande les forces anti-terroristes ?”, demande-t-il, avant de répondre: "Depuis 30 ans elle est clanique. Pour le moment, elle n’est dirigée que par une seule ethnie, alors qu’on est 200 et quelques ethnies. C’est la même ethnie, celle de l’ancien président et du nouveau chef de l’Etat."

Pour le président de l’union des mouvements pour la démocratie et le développement, "il faut reformer, restructurer l’armée, en éradiquant l’ethnicisme et le tribalisme."

"On veut une ouverture pour que tous les autres mouvements qui sont à l’extérieur du pays, aux frontières de Centrafrique, du Soudan ou de la Libye puissent renter. Le problème du Tchad, c’est l’armée qui a confisqué le pouvoir. On n’est pas capable de faire des manifestations civiles à l’intérieur du pays", suggère M. Mahamat Ali Youssouf.

D’autres revendications des politico-militaires concernent l’organisation du prochain scrutin présidentiel.

"Que ceux qui dirigent actuellement le pays ne puissent pas participer aux élections libres et transparentes. Ils ne peuvent pas être juge et partie. Il faut qu’il y ait un cessez-le-feu et la libération des prisonniers de guerre. (...) Il faut aussi organiser une armée nationale", martèle M. Mahamat Ali Youssouf.

Les délégations sont encore au Qatar pour quelques semaines. Le chef de la délégation gouvernementale a quitté Doha ce dimanche pour assister à une réunion de la sous-région qui se tient au Caire du 28 au 30 mars. C’est Saleh Kebzabo, le président de l'Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UDR) et député à l'Assemblée nationale du Tchad, qui représente le gouvernement à Doha.

Certains délégués des politico-militaires qui ne peuvent pas rester longtemps pourront repartir dans leurs lieux de résidence. Ceux qui resteront leur feront le compte-rendu.

"Comme chaque groupe a cinq éléments, je pense que la présence de tous les membres d’un mouvement n’est pas vraiment nécessaire. Une personne peut parler pour le groupe, étant donné qu’ils ont déjà remis des conditions. Et avec la technologie, ils peuvent parler et discuter [à distance]", fait remarquer M. Chidi.

Le pré-dialogue est censé permettre la participation de tous les groupes rebelles tchadiens au dialogue national inclusif qui sera organisé à Ndjamena en mai. Le pré-dialogue permet aux politico-militaires de discuter des conditions ou des préalables afin de participer audit dialogue.

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